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- Lutte ouvrière n°2429
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Dans les entreprises
AdP Roissy : le grand bazar des changements de marchés
Dans les mois qui précèdent ces changements, les chefs sont sur les dents, il faut être « les meilleurs » pour ne pas « perdre le marché », il y a des pressions, les sanctions pleuvent. Et à l’arrivée, c’est le grand branle-bas. Plus d’une douzaine d’entreprises se partagent les marchés de la sûreté à Roissy, dont trois font l’essentiel, Securitas, Brinks et ICTS. À partir du 1er avril, l’un perdra un terminal au profit de l’autre, qui aura récupéré le premier, ou encore un autre, ou perdu un troisième, et réciproquement. Et un nouveau concurrent, Atalian, arrive.
Les salariés pourraient rester indifférents à cette agitation, mais ils en payent en partie les conséquences : car si le salaire de base est maintenu, rien n’est pareil d’une entreprise à l’autre ! Certains ont des plannings réguliers et pas les autres, les pauses sont payées au minimum ou un peu plus, la date de la paye varie, tout comme les primes de transport, le paiement des heures supplémentaires, la mutuelle n’est pas la même, etc.
Jusqu’en 2011, lors de ces transferts de marché, le personnel n’était repris qu’à 85 % et les nouveaux employeurs faisaient le tri. Après la grève de décembre 2011, les salariés ont gagné la reprise à 100 %, mais ces 100 % ne concernent jamais les CDD ou les intérims. Quant aux salariés en accident de travail, arrêt maladie ou congé maternité, il faut surveiller qu’ils ne soient pas oubliés. Le travail ne change pourtant pas avec le changement de patron, et chacun a besoin de sa paye. Il faut donc que tous restent !
D’une entreprise à l’autre, le travail est le même et les patrons se valent. Si un point est légèrement meilleur chez l’un, l’autre est pire et ainsi de suite. Et, d’un changement à l’autre, l’alignement se fait toujours vers le bas. Il serait vraiment temps d’imposer dans toutes les entreprises les mêmes conditions alignées vers le haut, comme le mouvement de 2011 avait commencé à le faire.
Le plus aberrant dans ces aéroports est la multiplication d’entreprises qui font un même métier, mais où les salariés ont des statuts différents. C’est vrai pour la sûreté mais aussi pour tous les métiers de l’aéroport. Les gagnants dans ces transferts sont les donneurs d’ordres, qui font régulièrement baisser leurs coûts, Aéroports de Paris ainsi que les compagnies aériennes. Mais les entreprises sous-traitantes doivent elles aussi trouver que la place est bonne, vu les dividendes distribués aux actionnaires.
À l’inverse, les salariés de la plate-forme subissent les mêmes mauvaises conditions de travail et de salaire, et c’est bien ce qui tend à les unir.