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Grèce – Eurogroupe : faire payer les peuples
L’Union européenne exige que le gouvernement de Tsipras accepte l’extension du plan d’austérité signé en 2012 par le précédent gouvernement de droite, faute de quoi la dernière tranche de 7 milliards d’euros ne sera pas versée le 28 février. Elle s’engagerait en échange « à utiliser toutes les flexibilités que recèle le programme actuel ». Le gouvernement grec refuse ce chantage, ce « signez d’abord, on discute ensuite », et il continue à réclamer un moratoire.
Il y a bien sûr, de chaque côté, une dose de posture quand ils veulent se montrer intransigeants tout en parlant de compromis, et aucun des deux camps ne souhaite voir la Grèce faire faillite et entraîner le système bancaire européen avec elle. Le 12 février, la Banque centrale européenne a d’ailleurs augmenté de 5 milliards d’euros les fonds de l’ELA, l’assistance de liquidités d’urgence aux banques grecques, pour éviter une panique bancaire en cas de retraits massifs. De son côté, le ministre des Finances grec, Yannis Varoufakis, a déclaré que son gouvernement ne demandait que la renégociation de 30 % du plan européen et « quelques mois de stabilité financière pour nous permettre de nous lancer dans les réformes, afin de ramener la croissance et mettre fin à l’impossibilité de rembourser ce que nous devons ».
Ce que les gouvernements européens qualifient de blocage idéologique, c’est le refus du gouvernement grec de revenir sur les mesures d’urgence promises aux électeurs : les aides aux foyers les plus pauvres, le relèvement du salaire minimum, la pause dans les privatisations en cours. Mais, de leur côté, ils veulent se montrer fermes pour satisfaire les banquiers, les marchés financiers, pour défendre leur système quoi qu’il en coûte à la population. Ce message est destiné aux travailleurs grecs et à ceux de tous les pays endettés, quels qu’ils soient.
La population grecque a payé très cher ces prétendus plans d’aide : le chômage est à 26 % selon les dernières statistiques officielles, les salaires ont baissé de 25 %, un quart de la population survit en dessous du seuil de pauvreté et les services sanitaire et éducatif sont dans un état catastrophique. Cela explique le vote de la population grecque et sa mobilisation. Depuis le début des réunions de l’Eurogroupe, deux grandes manifestations ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les principales villes du pays, dont 15 000 à Athènes devant le Parlement, pour affirmer leur dignité retrouvée et réclamer « du respect et du travail ». Ce refus de l’austérité prend la forme d’un appui au gouvernement contre les institutions financières, non sans accent nationaliste. Mais, pour obliger les capitalistes, patronat et banquiers, à payer leur dette, qu’ils soient étrangers ou grecs, les travailleurs devront montrer qu’ils sont prêts à déborder le cadre du soutien à un gouvernement de gauche, même radicale.