Areva : un naufrage capitaliste11/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2432.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Areva : un naufrage capitaliste

Les medias se sont abondamment étendus sur les raisons de la perte énorme de près de cinq milliards d’euros d’Areva, due notamment aux réacteurs nucléaires EPR de nouvelle génération.

En fait quand Areva s’est lancé dans ce domaine, il ne savait pas construire ces réacteurs. Jusqu’à présent plusieurs sont en chantier, mais aucun ne fonctionne. Le pire étant celui de Finlande avec déjà neuf ans de retard. Les scientifiques liés à Areva et à EDF étaient réticents au départ. Sachant que le futur réacteur n’était pas encore au point, ils auraient souhaité avoir encore quelques années pour avancer leurs recherches et en mettre au point un vraiment nouveau. Mais pour les dirigeants d’Areva, il fallait se saisir d’un marché qui risquait de leur échapper, on verrait bien après. Ils s’en sont donc saisi et le désastre a commencé aussitôt. Il n’est toujours pas fini…

L’autre source de pertes a été la rocambolesque affaire d’Uramin. Il s’agissait d’une toute récente société canadienne censée posséder des gisements d’uranium dans plusieurs pays africains, mais n’en ayant jamais exploité aucun. Cette société était à vendre, et Areva flairant la bonne affaire décida de l’acheter, à l’époque (avant Fukushima) où le cours de l’uranium était très élevé. Areva paya fort cher pour Uramin, et encore fort cher pour faire des travaux préparatoires (notamment une usine de dessalement d’eau de mer en Namibie) sans que l’on ait jamais vérifié s’il y avait là réellement de l’uranium exploitable. En fin de compte il s’avère qu’il n’y a pas d’uranium avec une teneur intéressante. D’autant que les cours de l’uranium, après Fukushima, ont dégringolé de plus des deux tiers.

Ajoutons à cela qu’actuellement le développement du nucléaire dans plusieurs pays du monde marque un temps d’arrêt et que cela pèse aussi sur les comptes d’Areva. Et pour finir, il est de notoriété publique que les relations des dirigeants d’Areva, d’EDF et de quelques autres acteurs du secteur ont été empoisonnées, les coups fourrés étant plutôt la règle. Et cela dans des entreprises contrôlées par l’État, à 86,5 % pour Areva et 84,5 % pour EDF ! Le gouvernement a déclaré, et ce n’est pas la première fois, qu’il fallait un rapprochement et une collaboration entre Areva, EDF et consorts. Mais de toute cette cuisine les travailleurs ne sont nullement responsables. Or ils sont bel et bien menacés, et pas seulement eux. La sûreté nucléaire aussi est à risque.

Le rapprochement EDF Areva risque d’entraîner des suppressions de postes, notamment les doublons. Il devrait y avoir un non-remplacement des départs en retraite, jusqu’en 2018 ou 2020. Le nouveau patron d’Areva a déclaré vouloir faire tout « pour que, s’il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat », ce qui est particulièrement inquiétant. Dans l’immédiat, un milliard d’euros d’économies sont prévus.

Mais ce n’est pas tout. Actuellement trois organismes, Areva, EDF et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), surveillent les installations nucléaires. Certains calculs des uns sont vérifiés par les autres. C’est évidemment plus pesant, mais c’est plus sûr. Mais une fusion des trois entités, si elle entraînait sans doute des économies pour les actionnaires, signifierait aussi moins de contrôle.

Le nucléaire est décidément à la merci des électrons libres du capitalisme…

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