Syrie : le martyre des Palestiniens de Yarmouk08/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2436.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : le martyre des Palestiniens de Yarmouk

Depuis le 1er avril, les miliciens islamistes de Daech tentent de prendre le contrôle de ce qui reste du camp palestinien de Yarmouk, dans la banlieue de Damas. Les télévisions du monde entier ont montré des images de réfugiés hagards, affamés, terrorisés, racontant des scènes d’horreur.

Bien peu parviennent à s’échapper, car le camp est encerclé et bombardé par l’armée de Bachar el-Assad. La population est prise en tenaille entre deux armées qui sont censées se combattre et qui, sinistre ironie, se parent toutes les deux du drapeau de la cause palestinienne.

Ce camp, un quartier de la banlieue de Damas en fait, existe depuis 1957 et comptait 150 000 habitants avant la guerre civile. Il avait été fondé par des Palestiniens réfugiés en Syrie après leur expulsion consécutive à la guerre de 1948 et à la politique de terreur organisée par les fondateurs de l’État d’Israël. Yarmouk était depuis resté un quartier palestinien, avec ce que cela veut dire d’autonomie par rapport à l’État syrien, de politisation de la population, de présence des organismes internationaux. Ce quartier surpeuplé comptait des écoles, des hôpitaux, des centres sociaux.

Dès le début de la guerre civile, l’armée de Bachar el-Assad a encerclé Yarmouk, l’a bombardé, a affamé les habitants, coupé le courant, interdit le passage aux convois des Nations unies, etc. La zone s’est ainsi vidée et il ne reste aujourd’hui que 18 000 personnes, qui préfèrent avoir faim chez elles et sous les bombes que tenter un nouvel exode. C’est donc dans ce quartier dévasté et mourant de faim que Daech finit le sinistre travail : réduire à rien le peu de vie autonome palestinienne qui subsistait.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, du côté du dictateur en place comme de celui des dictateurs en devenir : détruire tout ce qui n’est pas leur pouvoir, au prix, s’il le faut, de la destruction de la population elle-même.

Les Nations unies demandent l’accès au camp pour pouvoir évacuer les civils. Les diplomates occidentaux et les journalistes des pays impérialistes déplorent les horreurs sans nom. Mais qui d’autre que les grandes puissances a installé, armé, soutenu successivement et les uns contre les autres tous les tortionnaires, étatiques ou en passe de le devenir, ennemis ou alliés au gré des changements de rapport de force, au Moyen-Orient ? L’impérialisme ne peut se maintenir dans cette région et sur les champs de pétrole que par la force des armes et les dictatures, donc par la répétition, encore et toujours, de martyres comme celui de Yarmouk, qui tend à devenir le sort commun de populations entières, de l’Afghanistan à la Syrie et de l’Irak à la Palestine.

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