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Leur société
Cour des comptes : vers moins d’asile, et plus d’expulsions ?
Alors que débute, mercredi 15 avril, l’examen par la commission des lois du Sénat d’un projet de loi réformant le droit d’asile, le journal Le Figaro a diffusé deux jours avant des extraits d’un rapport de la Cour des comptes critiquant un système d’accueil « au bord de l’embolie » et une politique d’asile qui serait « devenue la principale source d’arrivée d’immigrants clandestins en France ». En résumé, ses auteurs appellent le gouvernement à expulser plus et plus vite.
Pourtant, concernant l’accueil des réfugiés, la France est l’un des pays les moins généreux d’Europe : sur plus de 66 000 personnes ayant déposé l’an dernier un dossier auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), seules 18 % ont vu leur demande acceptée, alors que la moyenne européenne est de 35 %. Mais ce n’est pas cela qui émeut les magistrats de la Cour des comptes, qui n’oublient pas qu’ils sont des comptables avant d’être des humanistes. Leur principale préoccupation est de réduire le coût du dispositif, estimé à deux milliards d’euros en 2013. « Exorbitant », jugent les auteurs du rapport, alors que cela représente, d’après leurs propres calculs, une dépense de 13 724 euros par demandeur pour toute l’année, soit moins de 40 euros par jour. On est vraiment loin de l’accueil « généreux » tant vanté par les différents gouvernements.
Pour réduire cette facture, les « sages » proposent d’accélérer la procédure afin de réduire plus vite le nombre de bénéficiaires. Comme il est peu probable que du personnel supplémentaire soit embauché, puisqu’il faut faire des économies, cela signifie la mise en place de procédures expéditives et forcément encore plus arbitraires qu’aujourd’hui. Il est aussi proposé de réduire l’allocation mensuelle versée aux demandeurs d’asile pour compenser le fait qu’il leur est interdit d’occuper un emploi. Cela veut dire les affamer, car elle se monte actuellement à 11,35 euros par jour.
L’ensemble de ce rapport tend à mettre en doute le fait que les demandeurs d’asile soient menacés dans leur pays d’origine, suggérant qu’ils viennent en fait profiter de la prétendue générosité de la France. De nombreuses associations rappellent que l’augmentation ces dernières années du nombre de personnes qui fuient leur pays d’origine est la conséquence des conflits au Moyen-Orient, en Syrie et en Irak, ou en Afrique. Il est donc en réalité souvent difficile de les renvoyer dans un pays où leur vie serait en danger. Ceux qui recommandent au gouvernement d’améliorer les procédures d’expulsion le savent très bien. Mais ce n’est pas le problème des rédacteurs du rapport, ni des politiciens qui le commentent et qui ont ainsi l’occasion de faire de la surenchère dans la démagogie anti-immigrés.