MyFerryLink – Calais : sabordé !10/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2445.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

MyFerryLink – Calais : sabordé !

Les 600 salariés de la compagnie MyFerryLink, qui assure des traversées Calais-Douvres, 500 en France et 100 en Angleterre, se retrouvent à nouveau menacés dans leur emploi. Deux des trois ferries de la compagnie sont en passe d’être vendus par Eurotunnel à la compagnie concurrente DFDS. Combien de salariés garderont leur emploi, et à quelles conditions ?

La SCOP MyFerryLink (société coopérative et participative) s’est constituée après la liquidation de SeaFrance (1 000 salariés) par la SNCF et l’État français. Politiciens de droite et de gauche, syndicalistes et journalistes s’étaient empressés de présenter la SCOP comme la solution. Une partie des salariés, le dos au mur, avaient accepté la proposition, réduit leur salaire de 10 %, versé une partie de leurs indemnités dans le capital, ainsi que 2 % des salaires mensuels pendant quelques mois. Eurotunnel a soutenu le projet en rachetant les trois navires de Seafrance et en les louant à la SCOP.

Mais ceux qui défendaient la SCOP et présentaient Eurotunnel comme le bienfaiteur des salariés ne faisaient que semer des illusions. Les actionnaires d’Eurotunnel faisaient un autre calcul : augmenter sans risque leur part de marché dans le transmanche, et saborder la compagnie en cas de difficultés. C’est ce qui est en train de se produire.

Cela fait deux ans que l’autorité de concurrence britannique (CMA) a attaqué Eurotunnel en justice, considérant que le poids de l’ensemble Eurotunnel-MyFerryLink était trop important et nuisait à la concurrence ; cela arrangeait bien les intérêts des compagnies rivales du transmanche P&O et DFDS. La cour d’appel de Londres a finalement invalidé le jugement qui avait interdit aux navires de MyFerryLink d’accoster en Angleterre dans quelques mois. Mais Eurotunnel, prétextant le risque de nouvelles procédures judiciaires, a décidé de lâcher la SCOP. D’autant plus que les deux directeurs, acquis à Eurotunnel, avaient été écartés il y a quelques semaines par le comité de surveillance de la SCOP, dirigé par les anciens leaders du syndicat CFDT de Seafrance.

DFDS, avec les navires vendus par Eurotunnel, ne reprendrait qu’une partie des salariés de MyFerryLink. Eurotunnel ne perdrait rien en revendant deux des bateaux. Et avec le troisième, il pourrait conserver une bonne part du fret transmanche.

Les seuls perdants risquent d’être une fois de plus les centaines de salariés privés de leur travail. À moins qu’ils ne réussissent à imposer leur embauche en totalité par les différentes compagnies du transmanche.

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