États-Unis : le racisme, produit d’une société d’exploitation24/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2447.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : le racisme, produit d’une société d’exploitation

L’adepte de la « suprématie blanche » qui a tué neuf Noirs, mercredi 17 juin à Charleston en Caroline du Sud, a commis son crime dans une église qui avait été un centre d’organisation et de révolte des Noirs contre l’esclavage au début du 19e siècle.

Pourtant les premières déclarations d’Obama ont porté bien plus sur l’absence de contrôle des armes que sur le racisme qui continue de gangrener la société américaine et ses institutions étatiques. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’Obama a déploré ce racisme, se cantonnant, comme lorsque des Noirs non armés sont tués par des policiers blancs, à verser des larmes sur les victimes et à lancer des appels incantatoires à la tolérance.

Pas plus aujourd’hui que dans le passé, les appels à l’unité nationale par-delà les différences de couleur de peau, à la paix entre gens de bonne volonté et au pardon des tueurs racistes par leurs victimes, n’ont arrêté les lyncheurs et les groupes du genre du Ku Klux Klan. Ce qui a fait reculer le racisme et ses aspects les plus oppressifs aux États-Unis, cela a été la lutte déterminée, et parfois violente, des Noirs lors de la profonde mobilisation des années 1960. C’est la peur des réactions massives de la part des Noirs, dont les plus radicaux s’armaient, qui a effrayé et fait reculer les racistes actifs et potentiellement violents, au moins pendant un temps.

Ceux qui ont cru que l’élection d’un politicien noir à la présidence ferait automatiquement reculer le racisme se sont fait des illusions. En fait lors des deux élections qui l’ont amené à la Maison Blanche en 2008 et en 2012, Obama a fait le calcul que la couleur de sa peau suffisait à lui gagner les voix des Noirs, sans même se donner la peine d’évoquer leurs problèmes. En conséquence il estimait n’avoir nul besoin de mener une politique s’attaquant aux comportements racistes dans l’appareil d’État, surtout si cela risquait de lui aliéner des voix dans l’électorat conservateur.

Mais surtout, le racisme, si profondément ancré par des siècles d’esclavage et d’oppression, est constitutif du règne de la bourgeoisie américaine et de son système économique, basé sur l’exploitation de la classe ouvrière et l’entretien des divisions en son sein. L’État en est imprégné trop profondément pour que de simples déclarations d’un homme politique, fût-il le président, y changent quoi que ce soit.

En réalité, la frange raciste de la population est encouragée dans ses préjugés par tout un système policier et judiciaire qui stigmatise et criminalise la jeunesse noire, au point qu’un tiers des hommes noirs passent par la prison au cours de leur vie. La pauvreté qui frappe encore plus les familles noires que les autres, les désigne aussi aux yeux des réactionnaires comme des « assistées ».

La nostalgie pour l’époque de l’esclavage, qui est visiblement une des motivations du tueur de Charleston, est entretenue par toute une partie des institutions américaines. Ainsi le drapeau de l’État du Mississippi contient encore aujourd’hui la reproduction du drapeau des confédérés, qui avaient déclenché la guerre de Sécession entre 1861 et 1865 pour défendre leur système fondé sur l’esclavage des Noirs. Quant à l’État de Caroline du Sud, où a eu lieu la tuerie du 17 juin, ce drapeau symbole de l’esclavage flotte encore devant son Capitole, où siège une gouverneure qui vient tout juste de réaliser que ce n’était peut-être pas une si bonne idée que cela.

On ne pourra réellement vaincre le racisme aux États-Unis sans vaincre la bourgeoisie américaine et un système d’exploitation et d’oppression qui ne cesse de le reproduire.

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