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Grèce : les dirigeants européens acculent le gouvernement Tsipras
Tsipras a annoncé le 27 juin qu’il allait soumettre les dernières propositions de l’Eurogroupe à un référendum prévu pour le 5 juillet. S’adressant à la population grecque, il a revendiqué le fait de n’avoir jamais voulu céder aux demandes répétitives « de mettre en œuvre les politiques du mémorandum » acceptées par les précédents gouvernements. Il a dénoncé la « proposition-ultimatum (..) menaçant la démocratie » faite par les représentants des puissances européennes qui « cherchent l’humiliation du peuple grec. »
En face, les institutions ont agité la menace de « Grexit » c’est-à-dire de sortie de la Grèce de l’Union européenne.
Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a déclaré que la présentation du plan européen par Tsipras aurait été malveillante. Pour lui, les institutions étaient en train de préparer de nouvelles concessions et même une éventuelle négociation sur la restructuration de la dette, et ainsi de prendre en considération les demandes du gouvernement Tsipras. Celui-ci pouvait aussi « proposer des mesures alternatives (…) tant que les chiffres collaient ». Manque de chance, selon Juncker, Tsipras aurait décidé, juste à ce moment-là, de saborder cette entreprise de bonne volonté.
Mais cela fait six mois que le gouvernement grec fait des propositions alternatives et qu’il recule pas à pas : il est allé dernièrement jusqu’à accepter des hausses de la TVA, des augmentations de cotisations sociales et même de revenir progressivement sur les conditions de départ en retraite anticipée. Il a seulement réaffirmé des limites à ne pas franchir et fait figurer dans les rentrées budgétaires une hausse de la fiscalité sur les bénéfices de certaines entreprises, que le FMI, qui ne jure que par la restriction des dépenses, a refusé de valider.
Ces concessions ont d’ailleurs mécontenté la gauche de Syriza, le parti de Tsipras, et sans doute ébranlé certains de ses électeurs. Mais elles se sont révélées inefficaces. Le but des dirigeants européens n’est visiblement pas d’aboutir à un accord mais de faire une démonstration politique. Il leur faut prouver à la face du monde et de leurs commanditaires, les marchés financiers, leur détermination à faire payer les États endettés et surtout leur population, quoi qu’il arrive.
Cette intransigeance a fini par acculer Tsipras, qui a relevé le défi, à leur grande surprise. On ne sait ce qui peut sortir de la situation. Le référendum aura-t-il lieu et quel en sera le résultat ? En tout cas, par leur entêtement, les dirigeants européens se sont montrés prêts à prendre le risque de déstabiliser encore un peu plus l’économie européenne.
Contrairement même à ce qui avait été envisagé avec le gouvernement précédent, les responsables européens ont refusé d’examiner la restructuration de la dette. Pourtant comme l’expliquent un certain nombre d’économistes qui ne sont nullement des adversaires du système capitaliste, un abandon partiel ou total de la dette coûterait certainement moins cher au budget européen qu’une nouvelle crise. L’histoire de bien des pays européens s’est construite sur l’abandon de dettes bien plus importantes, en particulier après la Seconde Guerre mondiale.
Arc-boutés sur leur refus de céder quoi que ce soit, les représentants des créanciers défendent un système injuste et incontrôlable, et mènent toute l’économie dans le mur.