MyFerryLink Calais : grève des marins01/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2448.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

MyFerryLink Calais : grève des marins

Les marins de la Scop MyFerryLink se sont mis en grève lundi 29 juin, ont immobilisé les bateaux à quai et bloqué le port, provoquant de fortes perturbations : des centaines de voyageurs immobilisés, des kilomètres de files de camions, des bretelles d’autoroute fermées.

Le Syndicat maritime nord avait demandé au tribunal de commerce de Boulogne d’accorder une prolongation de trois mois des contrats d’affrètement des navires propriété d’Eurotunnel. Refus ! Cela signifie la liquidation de la Scop et ses 577 salariés de nouveau menacés du chômage.

Déjà le mardi 23 juin, après l’annonce que la compagnie DFDS-Seaways allait louer deux des navires d’Eurotunnel et ne reprendre qu’une partie des marins de MyFerryLink, ils avaient bloqué une partie des accès du terminal transmanche : pneus brûlés, occupation des rails, intrusion dans le tunnel, bouchons sur l’autoroute. L’intervention des CRS avait été violente.

Cette fois, les gaz lacrymogènes habituellement utilisés contre les migrants ont servi contre des salariés menacés de chômage. Les deux se sont parfois retrouvés côte à côte : des groupes de réfugiés, empêchés de tenter le passage en Angleterre par l’immobilisation totale des camions, s’informaient des raisons de cet affrontement qui a fait des blessés, et ont porté la bannière du syndicat de MyFerryLink.

Face à la menace de chômage il y a trois ans, une partie des ex-marins de Seafrance, liquidée par la SNCF, avaient lancé la Scop MyFerryLink. Eurotunnel, ayant acheté les trois ferries de SeaFrance, les louait à la Scop. Ce contrat courait jusqu’au 30 juin. Eurotunnel se moquait bien de l’emploi, préoccupé seulement d’augmenter ses parts de marché face aux deux autres compagnies opérant sur le détroit, DFDS et P&O.

Mais le tribunal de la concurrence britannique a jugé trop important le poids d’Eurotunnel-MyFerryLink et a interdit que les bateaux continuent d’accoster en Angleterre. Un autre tribunal anglais a jugé le contraire. Mais finalement, les dirigeants d’Eurotunnel ont choisi ce prétexte pour lâcher la Scop. Eurotunnel conserverait un navire pour le fret sous la marque de MyFerryLink avec 130 salariés environ, et louerait les deux autres à DFDS, qui n’en reprendrait que 202, soit près de 250 jetés par-dessus bord.

Les salariés vivent ainsi suspendus au jour le jour aux informations, rares, hypothétiques et changeantes, que les compagnies de transport daignent leur octroyer. Les politiciens locaux, inquiets d’une possible agitation sociale, ont tous cherché à se montrer solidaires des salariés. Une marche pour l’emploi a été organisée dimanche 28 juin par les syndicats et élus de tous bords pour demander au patron d’Eurotunnel, Jacques Gounon, de revenir sur sa décision : sans effet. Lundi 29 juin, annulant la séance du conseil municipal, les élus de droite comme de gauche ont signé une motion commune de défense de la Scop et se sont rendus ensemble à la sous-préfecture.

Mais, depuis trois ans, alors que c’est quand même la SNCF qui a coulé sa filiale SeaFrance, tous ces politiciens n’ont cessé de se répandre en déclarations nationalistes contre « les Anglais », vantant les mérites du prétendu bienfaiteur français Eurotunnel. Ils se lamentent aujourd’hui d’avoir été trahis.

Les capitalistes du transport transmanche se moquent bien de toutes ces postures. Depuis des années, ils n’ont cessé de supprimer des emplois par centaines, aggravant les conditions de travail pour engranger plus de profits. Seule la force collective des travailleurs, qu’ils soient anglais, français ou de toute autre nationalité, pourra empêcher ces requins de continuer à nuire.

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