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- Lutte ouvrière n°2454
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Il y a 70 ans : Hiroshima-Nagasaki, un crime de masse de l’impérialisme
Le 6 août 1945 au matin, la forteresse volante Enola Gay apparut dans le ciel d’Hiroshima pour y lâcher sa bombe à uranium de quatre tonnes, surnommée Little Boy. En explosant, elle dégagea une température de plusieurs milliers de degrés qui calcina aussitôt tout être vivant, les corps volatilisés ne laissant comme trace qu’une ombre sur le béton. La déflagration rasa tout à plus d’un kilomètre du point d’impact, répandant un torrent de feu sur la ville.
Les États-Unis choisirent Hiroshima comme cible pour tester l’arme atomique mise au point dans le cadre d’un programme secret, le programme Manhattan, lancé un an avant leur entrée en guerre. Ils leur fallait une ville d’environ 350 000 habitants pour mesurer l’effet destructeur de cette bombe.
70 000 personnes périrent sur le coup. Les blessés tentaient de fuir, leurs vêtements en lambeaux, leur peau se détachant par plaques.
La satisfaction des vainqueurs
Le président américain Truman exprima sa satisfaction devant des marins du croiseur August en ces termes : « Les gars, nous leur avons collé sur le citron un pavé équivalant à 20 000 tonnes de TNT. » Ayant mobilisé des milliards de dollars, le travail de près de 150 000 personnes, dont les plus grands scientifiques présents sur le sol américain, la bombe atomique avait donné pleine satisfaction. Cela ouvrait de larges perspectives aux entreprises ayant participé à sa mise au point : Dupont de Nemours, Kellogg, Union Carbide, General Electric… Alors, peu importaient les risques signalés dès les premiers accidents de laboratoire, des risques étudiés en injectant du plutonium dans le corps de malades ou de prisonniers, aux États-Unis mêmes.
Un rapport du gouvernement rédigé fin 1945 affirmait que le Japon aurait « probablement capitulé avant le mois de novembre, même sans les bombardements atomiques ». Pourtant, la version officielle prétendait qu’avec cette bombe on avait rapproché la paix et économisé la vie d’un million de soldats américains.
Isolé après la capitulation allemande du 8 mai 1945, le Japon était exsangue. Les habitants de ses villes, en particulier des quartiers populaires, subissaient des bombardements systématiques, avec l’usage généralisé de bombes incendiaires au napalm, déjà expérimentées contre la population de Dresde, en Allemagne. Son territoire commençait à être occupé depuis la prise d’Okinawa, en juin 1945. Son armée était au bord de l’effondrement, sa flotte anéantie, son aviation réduite aux opérations suicides des kamikazes…
La bourgeoisie japonaise souhaitait l’arrêt des combats et se préparait à capituler. Le prince Konoe, chargé d’entreprendre des négociations avec les Alliés, avait exprimé ouvertement sa crainte d’une révolution communiste en cas de défaite.
La population, épuisée par des années de guerre, réduite à la famine, bravait la violence de la police militaire, prenait à partie des officiers dans la rue, se retournant contre un régime militaro-féodal qui sacrifiait la population, tout en cherchant un accord qui lui aurait permis de rester en place après sa capitulation.
Un ordre mondial dressé sur un monceau de cadavres
La décision de larguer la bombe sur le Japon avait été prise des mois auparavant, le président d’alors Roosevelt y voyant un moyen de dicter les conditions de l’impérialisme américain à ses ennemis, comme à ses alliés.
Les dirigeants occidentaux craignaient que la colère des peuples débouche sur des révoltes dans les pays vaincus. Ils voulaient éviter à tout prix que se lève à nouveau une vague de révolutions, comme à la fin de la Première Guerre mondiale. La seconde bombe, au plutonium, larguée sur Nagasaki trois jours plus tard et alors que le Japon avait déjà décidé de capituler sans conditions, fit encore 120 000 morts.
Destinés à terroriser les populations, ces bombardements étaient une démonstration de puissance adressée à l’ensemble des peuples de la planète, URSS comprise. Cela n’allait cependant pas mettre fin, et c’est heureux, aux révoltes des peuples, en Asie, en Afrique, en Amérique latine et même en Europe.