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- Lutte ouvrière n°2463
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Dans les entreprises
La Redoute – Roubaix : l’exploitation tirée au sort ?
Les travailleurs de La Redoute refusent les nouveaux horaires que les patrons veulent leur imposer par tirage au sort, et ils l’ont fait savoir par un débrayage le 6 octobre.
Ils ont déjà dû se battre en 2013 et 2014 contre le groupe Kering (ex-PPR), une des entreprises du CAC 40, qui appartient à Pinault, 5e fortune de France, 56e fortune mondiale. Après avoir siphonné La Redoute, celui-ci s’est débarrassé de l’entreprise en la revendant pour l’euro symbolique à deux cadres dirigeants.
Suite à cela, les repreneurs annonçaient en janvier 2014 un plan social qui supprimerait 1 178 emplois sur quatre ans, sur les 2400 que comptait encore l’entreprise. Ceux qui avaient un projet de reconversion sont partis avec des sommes allant de 40 000 euros à 80 000 euros, imposés par la lutte. De nombreux salariés sont partis en préretraite à partir de 55 ans. Mais aujourd’hui, ceux qui restent sont aux prises avec une direction de combat qui veut imposer à tous des reculs importants.
Dans les bureaux à Roubaix, le manque d’effectifs et les problèmes liés à la « modernisation » des outils informatiques engendrent des conditions de travail déplorables. Et la direction voudrait en plus supprimer la badgeuse à l’entrée de l’entreprise, pour rendre invisibles toutes les heures supplémentaires effectuées.
Pour ceux qui sont dans l’usine de la Martinoire, où les colis des clients sont confectionnés et expédiés, le déménagement dans une nouvelle usine, présentée comme le fin du fin du modernisme, est prévu pour septembre 2016, avec 550 salariés tout compris. L’ambition des patrons est de faire terminer les colis deux heures après la commande et de livrer le lendemain toute commande passée avant 20 heures. C’est pourquoi la nouvelle direction tente d’imposer de nouveaux horaires en équipe du matin, d’après-midi ou de week-end. L’équipe d’après-midi terminerait à 21 h 20, alors qu’aujourd’hui elle se termine à 19 h 30 ou 20 h pour les expéditions, et cela suffit bien !
L’immense majorité des travailleurs concernés refusent de terminer à 21 h 20 et la direction, ne trouvant pas assez de monde pour faire l’après-midi, a voulu passer en force en organisant un tirage au sort, pour remplir les créneaux d’après-midi dont personne ne veut.
Ce tirage au sort ne passe pas plus que les horaires tardifs auprès des salariés. Les accepter reviendrait à accepter de ne plus avoir de vie familiale et sociale. Comment faire quand on a des enfants ou qu’on n’a pas de voiture, alors qu’il n’y a pas de transport en commun à cette heure ? D’autant plus que rien ne justifie de tels horaires. Et mettre sa vie en l’air pour livrer des chaussettes le lendemain d’une commande passée tard le soir semble totalement aberrant !
C’est pour dénoncer tout cela, et aussi des problèmes liés au plan social, qu’une pétition a été massivement signée par près de 350 salariés sur 450 présents. Le débrayage organisé mardi 6 octobre à la Martinoire devait permettre de la remettre en main propre aux cadres dirigeants. Une centaine de salariés déterminés se sont rassemblés pour la tenue de l’assemblée générale. Mais quand ils ont voulu remettre la pétition aux cadres du site, tous se sont évaporés, ayant ordre de ne pas la prendre. Les travailleurs ont alors décidé de passer dans les ateliers pour s’adresser aux collègues… et les cadres sont réapparus.
Cette action collective a remonté le moral de tout le monde ! Comme le disent des travailleurs, « Pour le tirage au sort, la direction, elle peut se gratter ! »