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Leur société
Armement des policiers municipaux : démagogie sécuritaire
À la suite des attentats de janvier 2015, le gouvernement a décidé de mettre à disposition des municipalités 4 000 armes et une aide au financement de 50 % pour l’achat de gilets pare-balles. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a expliqué que les policiers étant devenus une cible, ils devaient pouvoir se protéger eux-mêmes pour protéger la population.
Cette proposition est une brèche dans laquelle bien des maires se sont engagés. Dès le mois de février, le maire de Béziers, Roger Ménard, élu avec le soutien du FN, avait informé par voie d’affiches la population de l’armement de la police municipale. On y voyait une arme à feu avec comme légende : « Désormais, la police municipale a un nouvel ami ».
La période électorale qui s’ouvre incite à ce genre d’annonce démagogique. Ainsi dans l’Aisne, à Saint-Quentin, Xavier Bertrand, maire et ex-ministre de Sarkozy, vient d’annoncer en conseil municipal l’armement de la police municipale. À Beauvais, la maire de droite a appelé la population à s’exprimer par référendum. Le résultat a montré que l’armement de la police ne la convainquait pas. Il y a eu moins de 20 % de votants soit 6 000 électeurs, et parmi eux, 66,89 % ont voté contre.
Cette question n’est pas nouvelle puisqu’avant même les attentats de janvier 2015, 45 % des polices municipales étaient déjà armées. Mais cette fois-ci, l’impulsion vient de l’État, de surcroît dirigé par la gauche. L’armement de la police municipale risque ainsi de devenir une norme, d’autant que les prétendants à la direction des régions n’hésitent pas à faire de la surenchère sur le terrain de la sécurité.
La distribution de 4 000 armes à des policiers dans le pays n’est sûrement pas la solution face à des actes terroristes ou à la violence des voyous. Une partie de cette violence frappe aussi les pompiers, les médecins, les chauffeurs de bus...
Faudra-t-il alors les armer parce qu’ils sont eux aussi parfois des cibles des voyous, djihadistes ou non ?
Le gouvernement et les responsables des partis institutionnels mettent en avant le thème de la sécurité, mais ils n’ont rien à dire sur l’insécurité du logement, du travail. Et pourtant, la difficulté de trouver un emploi, de se loger, de vivre avec des revenus très faibles alors que la réussite sociale individuelle et l’argent facile sont mis à l’honneur dans cette société, gangrènent des quartiers entiers et favorisent le développement de la délinquance.
Il est illusoire de croire que l’on peut combattre la montée de la délinquance et ses conséquences sur la population sans s’attaquer à ses racines profondes liées au fonctionnement de la société capitaliste. L’armement de la police municipale est de la poudre aux yeux destinée essentiellement à gagner des voix tout en ne faisant rien pour régler les problèmes.