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Leur société
Retraites complémentaires : un accord indécent
Sous prétexte de « sauver le régime des retraites complémentaires », les dirigeants des syndicats CFDT, CFTC et CFE-CGC ont accepté de signer avec le Medef un accord de principe qui aura pour conséquence de reculer l’âge de la retraite à taux plein pour une grande majorité des salariés.
Pour parapher ce recul, ses signataires prétendent que cela est imposé par le déficit des deux caisses de retraites complémentaires que sont l’Arrco, caisse des salariés non-cadres, et l’Agirc, la caisse des cadres. Un déficit qui, pour 2014, atteindrait 1,15 milliard d’euros pour l’Arrco et 1,98 pour l’Agirc.
La principale mesure, mise en place en 2019, concernera les retraités nés en 1957 et après, qui atteindront alors 62 ans. S’ils font valoir leur droit à la retraite à l’âge prévu par la loi, ils subiront un abattement de 10 % pendant deux ou trois ans. Pour avoir leur pension pleine et entière, ils devront attendre l’âge de 63 ans pour partir.
Enfin, le salarié qui travaillerait encore un an de plus, jusqu’à 64 ans, toucherait, lui, une majoration pour chaque année supplémentaire jusqu’à 66 ans.
Dans le même temps, le texte prévoit le gel des pensions pendant trois ans, et le décalage de la revalorisation annuelle des retraites. Deux mesures qui doivent permettre d’économiser respectivement 2,1 et 1,3 milliard d’euros en 2017 sur les pensions de tous les retraités. Au total, 5 et 6 milliards d’euros d’économies sont attendues pour 2020.
Pour justifier leur signature, les dirigeants de la CFDT ont indiqué qu’ils avaient réussi à imposer au patronat qu’il participe. Mais la seule chose d’acquise, c’est une augmentation de cotisation sur les salaires des cadres, qui représenterait 120 millions d’euros par an. Une somme bien modeste au regard des économies réalisées sur le dos des retraités. En outre, ces hausses de cotisation seraient compensées, de l’aveu même du patronat, par une baisse de celles qui sont versées par les entreprises en faveur de la branche accidents du travail - maladies professionnelles. Autrement dit, les sacrifices ne seront demandés qu’aux seuls salariés, alors que c’est le patronat qui est responsable du déficit des caisses de retraite car, en licenciant à tour de bras, il les prive de cotisants.
Valls s’est réjoui de la signature de cet accord, y voyant un « compromis équilibré ». Les travailleurs payent et voient l’âge de la retraite reculé, c’est un « compromis » comme les aiment le patronat et le gouvernement à son service.