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Leur société
Classes bilangues : des discours à la réalité
Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Éducation nationale, avait décidé dans le cadre de la réforme des collèges de supprimer l’apprentissage d’une seconde langue dès la 6e. Selon elle, puisque celle-ci serait enseignée dès la rentrée prochaine à partir de la cinquième et non plus de la quatrième comme c’est le cas actuellement, l’option bilangue n’avait plus sa raison d’être. Pour ne pas dire que c’était dans le but de faire des économies sur l’enseignement, elle avait enrobé la pilule d’un justificatif moral, selon la méthode du Parti socialiste, en déclarant que cette option était élitiste, puisque essentiellement choisie par des enfants issus des couches sociales favorisées.
Mais, devant les protestations d’enseignants et de parents, Vallaud-Belkacem a fait en partie machine arrière et a décidé de conserver 70 % de classes bilangues, afin, dit-elle dans un nouveau tour de passe-passe, de « rétablir une égalité entre académies pour donner à tous les élèves les mêmes chances de réussite ». Une égalité des chances ? Quelques chiffres permettront d’en juger.
L’académie de Paris, qui compte une population à majorité petite-bourgeoise avec un revenu correct, ainsi que des établissements scolaires réputés disposant en outre d’un budget de fonctionnement plus confortable, conservera 100 % de ces classes ; celle de Nice, autre région où le niveau de vie moyen des habitants est supérieur à la moyenne, en gardera 90 %. Mais il n’en va pas de même dans les académies populaires ou rurales : le taux descend à 40 % dans celle de Lille, à 23 % pour Rouen et... à 5 % à Caen.
Les dirigeants socialistes au gouvernement sont doués pour faire de beaux discours sur l’égalité des chances, mais force est de reconnaître que, dans leur modèle de société, il y en a qui sont beaucoup plus égaux que d’autres.