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Dans le monde
Tafta : intérêts commerciaux et postures politiciennes
Le 13e round des discussions entre l’Union européenne et les États-Unis sur le traité de libre-échange transatlantique (Tafta) a commencé lundi 25 avril à New York. Entamés en juillet 2013, ces « rounds » sont censés aboutir à un accord libéralisant l’accès aux marchés américain et européen.
Si Obama a profité de sa visite en Allemagne le dimanche précédant l’ouverture de ces discussions pour souhaiter que l’accord aboutisse d’ici la fin de l’année, le gouvernement français joue une autre musique. Ainsi, le secrétaire d’État au commerce extérieur, Matthias Fekl, affirme qu’on « s’éloigne d’une conclusion » et qu’il n’y a « aucune raison de se mettre à la remorque de tel ou tel continent ou tel ou tel pays ».
Quant à Hollande, il s’est découvert tout récemment une vocation de résistant, vantant les mérites du « modèle français » et a déclaré lors de sa dernière prestation télévisée que « La France a fixé ses conditions » et que lui, François Hollande, n’accepterait pas un traité donnant tous les droits aux États-Unis sans « réciprocité ». Plus que de la protection du camembert moulé à la louche contre la menace que ferait planer le traité sur les AOC, cette brusque fermeté résulte de la nécessité de protéger les intérêts des grands groupes capitalistes français. Sans oublier, au passage, de caresser dans le sens du poil les souverainistes de gauche comme de droite, qui s’opposent au traité de libre-échange transatlantique au nom des intérêts nationaux.
Hollande a dénoncé avant tout l’absence de « réciprocité », expliquant que « si on n’a pas accès aux marchés publics et si en revanche les États-Unis peuvent avoir accès à tout ce que l’on fait ici, je ne l’accepterai pas ». À droite, on ne dit d’ailleurs pas autre chose, Les Républicains réclamant eux-aussi « la réciprocité de l’ouverture des marchés publics ».
Comme bien d’autres accords commerciaux internationaux avant lui, ce nouveau traité de libre-échange correspond à la nécessité pour les grands trusts américains, européens ou autres, d’agrandir l’arène dans laquelle ils se livrent bataille. Les prises de position actuelles des Hollande, Merkel et Obama, sont le reflet de leurs préoccupations de politiciens, mais aussi des intérêts contradictoires de leurs bourgeoisies nationales respectives. Car si toutes veulent se voir ouvrir les marchés des autres, elles souhaitent en même temps protéger le plus possible le leur, surtout en période de crise.
Que les États-Unis et l’Europe parviennent ou non à un accord sur ce grand marché transatlantique, cela reste de toute façon une discussion entre bourgeois et cela ne changera pas grand-chose au sort des travailleurs. Qu’elle soit sanctionnée ou pas par un nouvel accord, c’est à la domination des grands groupes capitalistes, qu’ils soient américains ou européens, que les travailleurs devront s’en prendre.