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Belgique : 60 000 manifestants contre la flexibilité
Mardi 24 mai en Belgique, la manifestation nationale à l’appel des trois syndicats contre les plans du gouvernement fédéral a été un succès. Entre 60 000 et 80 000 manifestants étaient au rendez-vous à Bruxelles.
L’appel à la manifestation répond à l’annonce du ministre fédéral de l’Emploi qui veut rendre possibles, avec des accords individuels entre travailleurs et patrons, des semaines de travail de 45 heures, en maintenant formellement la semaine de 38 heures en « moyenne annuelle », donc sans devoir payer de majoration pour des heures supplémentaires.
Cette annonce du gouvernement fédéral date en fait du 9 avril et, depuis des mois, le ministre de l’Emploi disait vouloir « moderniser le marché du travail » et « adapter le droit du travail au 21e siècle ». Jusqu’alors tant que le gouvernement affirmait que cela se ferait « dans le cadre d’une concertation sociale », les syndicats étaient restés muets.
Finalement le gouvernement fédéral est passé par-dessus les appareils syndicaux, ce qui les a décidés à appeler à cette manifestation du 24 mai et à une journée de grève générale le 24 juin.
Comme lors des mobilisations de 2014, les appareils syndicaux voudraient surtout rappeler au patronat qu’il ne peut pas se passer de négocier avec eux. À côté du « maintien des 38 heures » ils réclament donc surtout « un retour à une véritable concertation sociale ».
Dans bien des entreprises, les travailleurs connaissent déjà la flexibilité. Interviewé après la manifestation, le président de la FGTB, Marc Goblet, a présenté cette flexibilité comme positive car… concertée avec les syndicats ! Il affirme ainsi sa disponibilité vis-à-vis du patronat…
Les permanents et délégués syndicaux étaient majoritaires dans la manifestation plutôt silencieuse et émaillée de pétards. L’ancien Premier ministre PS, Elio Di Rupo, responsable d’attaques importantes contre les droits des chômeurs, maintenant dans l’opposition au niveau fédéral, a même pu être présent.
Malgré cela et malgré la déception suite à la mobilisation de fin 2014, des travailleurs ont répondu présent et beaucoup étaient venus de Flandre. Les militants syndicaux racontaient leurs difficultés pour mobiliser leurs collègues. Un sentiment exprimé par ces manifestants était que « ça ne va servir à rien, mais de telles mesures, on ne peut pas les laisser passer sans réagir ». Des travailleurs du rang dénonçaient les difficultés de leur travail, certains étaient venus pour répondre à la pression de leur patron malgré leur scepticisme vis-à-vis des « marches syndicales ».
Face aux attaques patronales et gouvernementales, réagir est indispensable. Mais pour cela il faudra aussi que les travailleurs s’organisent eux-mêmes et ne laissent pas aux dirigeants des appareils syndicaux le monopole de leurs luttes.