Médecins généralistes : la pénurie s’aggrave08/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2497.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecins généralistes : la pénurie s’aggrave

Le Conseil de l’ordre des médecins vient de publier des statistiques montrant la baisse inquiétante du nombre de généralistes en France. Celui-ci a diminué de plus de 8 % depuis 2007, et pourrait avoir baissé d’un quart en 2025. Les départs à la retraite ne sont pas compensés par l’installation de jeunes médecins, que ce soit dans les zones urbaines ou dans les zones rurales.

Les élus locaux tentent d’attirer les médecins, en finançant leur installation, en construisant des maisons de santé, ou parfois en offrant des primes. Cela ne suffit pas toujours, car les jeunes médecins souhaitent rarement s’installer dans des endroits isolés, dont la qualité de vie ne leur convient pas. Cette liberté de choix entraîne une désaffection particulière des médecins généralistes. Même si le nombre total de médecins ne diminue pas, le nombre de généralistes diminue au profit des spécialistes, plus concentrés dans les centres urbains. Certaines spécialités sont aussi sacrifiées, comme la médecine du travail, dont les effectifs ont fondu de 15 % en dix ans.

Le Conseil de l’ordre des médecins a une responsabilité dans cette situation, ayant soutenu depuis des décennies la politique du « numerus clausus », qui limite le nombre de places au concours de médecine. Cette année, seuls 7 646 étudiants seront admis, moins d’un candidat au concours sur cinq, alors que les besoins sont criants. Le gouvernement a autorisé cette année certaines universités à augmenter les admissions, mais à doses homéopathiques, le nombre total n’ayant augmenté que de 150. Comme il faut dix ans pour former des médecins, que les capacités d’accueil des universités sont saturées, on ne peut guère espérer d’amélioration rapide. De plus en plus d’étudiants vont se former dans d’autres pays d’Europe, dans l’espoir de pouvoir revenir exercer en France en contournant l’obstacle du concours, pour le plus grand profit de sociétés privées qui leur fournissent l’accès à ces formations.

L’économie de marché est incapable de faire face aux besoins de santé, et la politique d’économie des gouvernements sur les dépenses de santé comme le corporatisme de l’ordre des médecins ont aggravé le problème. Au 21e siècle, alors que les avancées technologiques et médicales se multiplient, même dans un pays riche, se soigner ressemble de plus en plus à un parcours du combattant pour toute une partie de la population.

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