Pologne : pour le droit des femmes22/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2499.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pologne : pour le droit des femmes

Samedi 18 juin des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le centre de Varsovie pour protester contre un projet de loi qui vise à réduire encore le droit des femmes à avorter.

La législation polonaise est déjà l’une des plus restrictives en Europe, conditionnant la possibilité d’avoir recours à l’IVG à la décision d’un médecin, et seulement en cas de risque pour la santé de la mère ou de grave malformation du fœtus, ou encore en la conditionnant à la décision d’un juge si la grossesse est le résultat d’un viol. Le résultat en est qu’à peine 2 000 avortements légaux par an sont décomptés en Pologne, les femmes se heurtant en plus au refus de nombreux médecins de pratiquer l’IVG. Le Club des médecins catholiques de Varsovie, par exemple, avait réclamé au gouvernement l’interdiction de la pilule du lendemain afin de « lutter contre la dépravation de la jeunesse ». Pour simplement avoir le droit de décider de ne pas avoir d’enfant, plus de 100 000 femmes chaque année doivent avoir recours à des cliniques privées ou se rendre à l’étranger, en Allemagne, en Autriche ou en Slovaquie quand elles en ont les moyens.

Profitant du climat de montée des idées réactionnaires dans le pays, des associations anti-IVG ont déposé début avril à la Chambre basse un projet de loi encore plus restrictif, visant quasiment à interdire l’avortement, n’admettant comme seule exception qu’un danger de mort pour la mère, et proposant une condamnation à cinq ans d’emprisonnement, contre deux aujourd’hui, pour les médecins le pratiquant illégalement. Ces groupes réactionnaires sont soutenus par l’Église, qui a fait lire le dimanche 3 avril pendant la messe, dans toutes les paroisses polonaises, un appel à interdire l’avortement. Elles bénéficient de la bienveillance du parti ultra conservateur au pouvoir Droit et Justice (Pis). Mais il leur faut aussi la signature de 100 000 personnes d’ici fin juin pour que leur projet soit examiné à la Chambre ; d’où une campagne agressive, menée y compris dans la rue, dénonçant les femmes ayant avorté comme des meurtrières coupables d’avoir torturé leur enfant jusqu’à la mort.

Le dimanche 3 avril déjà, dans 18 villes du pays, des milliers de femmes, souvent en famille, avaient manifesté, brandissant souvent un cintre pour rappeler les moyens barbares qui étaient utilisés auparavant pour provoquer des avortements, mutilant le corps des femmes lorsqu’elles n’y perdaient pas la vie.

Dimanche dernier à nouveau, nombreuses étaient les manifestantes réclamant la liberté élémentaire de disposer de leur corps, clamant « J’existe, je pense, je décide », ou brandissant des pancartes rappelant que « le droit des femmes fait partie des droits de l’homme ». En Pologne comme ailleurs, le combat contre la régression sociale est à l’ordre du jour.

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