Primaires : une parodie de démocratie05/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2514.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Primaires : une parodie de démocratie

« Paye-toi Sarko pour deux euros ! », a déclaré un député Les Républicains à propos du sondage Ifop pronostiquant que 10 à 15 % d’électeurs de gauche comptaient participer à la primaire de la droite du 27 novembre, afin de fausser les résultats en votant pour un candidat qui soit « tout sauf Sarkozy ».

Pour cela, ces électeurs seraient prêts à payer une somme qui, bien que minime, n’en est pas moins symboliquement un soutien au vainqueur de ce scrutin. Ils s’arrangeraient aussi par avance avec leur conscience en se déclarant eux aussi républicains, ce qui leur permettrait de signer en toute honnêteté le fait qu’ils partagent « les valeurs républicaines de la droite et du centre ».

Ce sondage montre sans doute que Sarkozy est tellement vomi pour son arrogance, sa politique antiouvrière et ses idées, qu’une Le Pen ne désavouerait pas, qu’il suscite une réaction de rejet. Mais il montre aussi que Hollande et sa clique sont tout autant discrédités auprès de nombreux électeurs de gauche, qui n’envisagent même pas la possibilité qu’un candidat socialiste puisse être présent au second tour de l’élection présidentielle.

Alors, avant même les primaires de la droite, le choix de ces déçus de la gauche semble se porter sur le « moins pire » d’entre les concurrents, en l’occurrence Juppé, dont le programme leur paraît le plus proche de celui de Hollande – ce qui n’est pas difficile tant il est ardu de voir des différences entre leurs programmes. Et beaucoup se préparent sans doute à refaire le geste de 2002, qui avait consisté à voter Chirac sous prétexte de faire ainsi barrage à l’extrême droite. Le Parti socialiste et le Parti communiste affirmaient alors que, plus les votes des électeurs de gauche en faveur de Chirac seraient nombreux, plus ce dernier serait obligé d’en tenir compte et d’infléchir sa politique dans un sens social. On connaît les résultats, sur le plan social, de la présidence de Chirac, suivie par celle de Sarkozy : une dégradation générale, l’augmentation du chômage, les attaques antiouvrières, que le gouvernement socialiste de Hollande a poursuivies !

Tant à gauche qu’à droite ou chez les écologistes, les primaires sont présentées comme un exemple de démocratie, puisque le peuple pourrait décider quel candidat de son parti, mais aussi du parti concurrent, il estime le plus apte à le représenter. Mais tout ce cirque fait autour de quelques figures du monde politique souligne surtout à quelle impasse conduit un système électoral dans lequel la crainte de voir arriver certains candidats en tête fait que des électeurs se résignent, avant même le véritable scrutin, à mettre leur opinion dans leur poche pour soutenir un politicien semblant faire moins mauvaise figure que son concurrent.

L’alternance droite-gauche n’a pas amélioré les conditions de vie et de travail des salariés, bien au contraire, puisque chaque président élu a ajouté une couche de mesures antiouvrières à celles prises par son prédécesseur. Et plus le temps passe, plus augmente aussi l’arrogance des hommes au pouvoir et leur mépris envers ceux qui ne vivent que de leur travail.

Alors, il n’y a pas lieu pour les travailleurs conscients de se prêter à la mascarade des primaires. Il faut que le monde du travail sache clamer haut et fort son refus de se faire berner par des politiciens qui n’affichent pas la moindre préoccupation sociale.

Ce n’est pas un bulletin de vote qui changera le sort des travailleurs, puisque le candidat qui sortira des urnes sera de toute façon dans le camp du grand patronat. Le bulletin de vote peut juste servir à exprimer son opinion, à savoir le rejet de tous ces politiciens serviles, et tel est le sens de la candidature de Nathalie Arthaud.

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