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Air France : embauches en trompe-l’œil
Air France a fait savoir en fanfare qu’elle allait embaucher 102 pilotes d’ici à mars. Et que Transavia, filiale low cost qu’elle possède avec KLM, devait recruter 52 copilotes.
En fait, Air France n’avait plus le choix : aucun avion commercial ne vole (encore) sans pilote. Et la compagnie a tellement supprimé d’emplois et poussé de pilotes à partir (parfois pour d’autres compagnies) ces dernières années, qu’elle en manque. L’été dernier, elle n’a pu assurer ses vols qu’en faisant appel aux heures supplémentaires. Bien sûr, elle ne s’en est pas vantée. Car la clientèle aurait de bonnes raisons de craindre pour sa sécurité si elle savait que se retrouvent aux commandes de leur appareil des hommes et des femmes qui ont dû accumuler, en plus de leurs horaires normaux, des heures de vol, de fatigue et de tension supplémentaires.
Mais, même quand Air France semble vouloir recruter, on reste loin du compte. En effet, en additionnant les nouveaux postes de pilotes à Air France et Transavia, on arrive à 154 recrutements. Or cela fait huit ans qu’Air France a gelé toutes les embauches et, chez les pilotes, il y a chaque année entre 70 et 80 départs en retraite, décès ou démissions. Ce sont donc au moins 600 postes de pilotes qui ont disparu des effectifs en huit ans de gel des embauches. Ce que ne compense pas la grosse centaine de recrutements annoncée.
Et le cas des pilotes n’est pas isolé à Air France.
Ces dernières années, des milliers d’autres emplois ont été supprimés parmi le personnel au sol (ouvriers, techniciens, agents accueillant les voyageurs dans les aérogares, etc.) et le personnel navigant commercial (hôtesses et stewards). À tel point que, récemment, un responsable de la compagnie a reconnu devant des délégués du personnel des ateliers que les effectifs de la Maintenance ne permettaient plus d’assurer la révision technique des avions.
Ces milliers d’emplois disparus ne sont pas remplacés, bien que le trafic aérien mondial et la part de ce marché que s’octroie Air France ne cessent d’augmenter, comme les profits d’Air France et de ses actionnaires.
Cela ne peut plus durer. Il faut embaucher dans tous les secteurs et métiers de la compagnie. Et pas à dose homéopathique, comme chez les pilotes : massivement, pour couvrir les besoins de ceux qui travaillent comme de ceux qui attendent à la porte de trouver un emploi.