- Accueil
- Lutte ouvrière n°2518
- Internement des Tsiganes : une reconnaissance tardive
Leur société
Internement des Tsiganes : une reconnaissance tardive
« La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame », a déclaré Hollande le 29 octobre au cours d’une cérémonie sur le site de l’ancien camp de Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire, où des milliers de Tsiganes furent parqués par l’État français.
Entre 6 000 et 6 500 Tsiganes, Manouches ou Bohémiens, vivant en France souvent de très longue date, ont été internés à Montreuil-Bellay ou dans un des trente autres camps gérés par les autorités françaises dans des conditions sanitaires épouvantables, entre 1940 et 1946. Ils avaient été interdits de circulation par un décret du 6 avril 1940, signé du président de la République Albert Lebrun, expliquant : « En période de guerre, la circulation des nomades, des individus errant généralement sans domicile fixe, ni patrie, ni profession effective, constitue, pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté. » Six mois plus tard, sous la dictature de Pétain, quand les autorités d’occupation allemandes ordonnèrent aux préfets d’interner les Tsiganes, les gendarmes arrêtèrent en priorité les familles assignées à résidence, une tâche facilitée par un fichage antérieur systématique. En vertu d’une loi de 1912, les familles nomades devaient en effet posséder des carnets anthropométriques et les faire viser régulièrement par les autorités.
Les arrestations, le choix des camps et leur gestion furent placés sous la responsabilité des préfets. Après la fin de la guerre et la chute du régime de Vichy, les Tsiganes restèrent même encore une année entière dans les camps, jusqu’à ce qu’un décret du 10 mai 1946 autorise leur libération.
En 2012, le candidat Hollande avait promis de mettre fin à la législation discriminatoire à l’égard des Tsiganes, et en particulier au livret de circulation, héritier des carnets institués en 1912. Mais, à ce jour, celui-ci est toujours en vigueur. Hollande, de nouveau en campagne électorale, n’a pas manqué de promettre une nouvelle fois sa suppression.
Enfin, il n’est pas certain que cette opération médiatique à quelques mois des élections présidentielles suffise à faire oublier que Valls, il y a trois ans, s’était illustré par des propos racistes à l’égard des Roms, jugés impossibles à intégrer en France, des propos tout à fait dignes de ceux qui étaient tenus à l’encontre des Tsiganes il y a soixante-dix ans.