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Italie : séismes à répétition et catastrophe sociale
Après deux fortes secousses mercredi 26 octobre, un nouveau séisme de magnitude 6,5 a frappé la même région des Apennins le dimanche suivant. Dans cette zone du centre de l’Italie, les destructions massives touchent près de 200 communes, des dizaines de villages ont dû être totalement évacués et près de 100 000 personnes ont dû quitter au moins provisoirement leur maison.
« Le premier l’a fortement ébranlée, le deuxième l’a abîmée, le troisième l’a mise par terre » : voilà ce que constatait un habitant d’un village proche d’Amatrice, dimanche 30 octobre, devant les ruines de l’école. Contrairement au séisme du 24 août dernier, qui avait fait près de 300 morts et des centaines de blessés dans la même région, les derniers séismes n’ont pas fait de victimes, les bâtiments les plus risqués ayant déjà été vidés et les habitants évacués.
En pleine campagne pour faire approuver son référendum sur les institutions et le changement de Constitution, le Premier ministre Matteo Renzi s’est empressé d’apparaître au chevet des sinistrés. Quelques heures après les deux tremblements de terre de la matinée du 26 octobre, il faisait le tour des communes touchées, annonçant le déblocage immédiat de 40 millions d’euros en plus des 300 millions consacrés au tremblement de terre d’août, que le Conseil des ministres avait approuvés quinze jours plus tôt. « Nous ne ferons pas de camps de toiles de tente, nous reconstruirons vite et bien », a-t-il promis, en brandissant un tee-shirt frappé du slogan « Le futur ne s’écroule pas ». Un optimisme que les réfugiés ayant tout perdu n’auront pas manqué d’apprécier à sa juste valeur !
Des hôtels des stations balnéaires du lac Trasimène ou des villes des bords de l’Adriatique ont ouvert leurs portes aux réfugiés et le gouvernement promet de tout faire pour livrer des habitations provisoires au plus tôt. Mais les habitants de la région affichent leur scepticisme. Certains refusent de partir vers les hôtels trop éloignés, en particulier les agriculteurs et les éleveurs. D’autres ne veulent pas quitter les lieux, ne faisant pas confiance aux autorités pour tenir leurs promesses d’y fournir des préfabriqués dans les prochains mois.
Tout l’axe de la chaîne montagneuse des Apennins, qui traverse le pays du nord au sud, est une zone à danger sismique élevé. Des centaines de répliques, de plus faible intensité, ont d’ailleurs été enregistrées depuis le 30 octobre et font craindre aux habitants de nouveaux dégâts. « Il faut apprendre à vivre avec la terre qui tremble. Cela signifie étudier le risque sismique à l’école, aider les personnes à adopter les bons comportements et, surtout, prendre des mesures antisismiques dans la construction et dans l’urbanisme. La prévention est notre seule arme », a expliqué une chercheuse à l’Institut national géologique. Le chef de la protection civile de Calabre a déclaré de son côté : « Plutôt que de perdre des millions dans des projets à l’utilité discutable, comme le pont sur le détroit de Messine, pourquoi ne pas s’occuper de la sécurité antisismique des bâtiments ? »
Dans les quelques endroits où des normes antisismiques sérieuses ont été mises en œuvre, après les tremblements de terre précédents de 1979 et 1997, la preuve a été faite que ces moyens peuvent parer au risque réel et permanent. Mais les appliquer à l’échelle d’un territoire aussi fragile que celui de l’Italie supposerait un véritable plan de prévention et de mise aux normes des bâtiments.
Cela nécessiterait aussi un contrôle étroit sur les entreprises chargées de la reconstruction qui, lors de tous les séismes précédents, ont surtout apporté la preuve de leur soif de profits, au mépris de la sécurité des habitants.
La méfiance des victimes au vu des suites des derniers séismes est plus que fondée. C’est un véritable contrôle de la population sur les conditions de la construction et de la reconstruction, ainsi que sur l’utilisation des fonds, qui doit s’imposer.