Les responsables de La Poste chargés du courrier sont très fiers de leurs centres de tri modernes et performants. Ils en ont plein la bouche, en particulier de celui de Wissous, dans l’Essonne, le plus grand de France avec ses 1000 salariés, et des millions de lettres traitées le matin, l’après-midi et la nuit.

Ouverte depuis neuf ans, la PIC Wissous (plateforme industrielle du courrier) n’avait connu aucune réaction collective d’importance. Tous les deux ou trois ans, le centre digérait le trafic d’un centre plus petit, promis à la fermeture, sans que personne ne bouge. Mais avec le dernier centre avalé, celui de Créteil, le personnel en a eu ras le bol de courir tout le temps, de se casser le dos, de subir les pressions sans fin. L’initiative d’une journée de grève intersyndicale, le 15 novembre, tombait à pic.

La grève a été massive, jusqu’à 70 % dans certaines équipes, et des rassemblements de personnel ont été les bienvenus. L’envie n’était pas d’en découdre, ni d’imposer vraiment des embauches de personnel. Mais les employés, à qui on demande en permanence de faire du chiffre, se sont dit qu’eux aussi pouvaient en faire du chiffre… de grévistes. Le moral est monté d’un cran. Et la direction a été surprise de cette réaction. C’est donc une journée de grève réussie, qui a un goût de reviens-y.