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- Lutte ouvrière n°2532
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Dans les entreprises
Ain : répartir le travail, pas les ouvriers !
À Bourg-en-Bresse, quatre entreprises de la métallurgie, ArcelorMittal, Renault Trucks, Nexans et Ugitech, mettent en place un GEP, un groupement d’employeurs, comme il en existe dans la plasturgie, qui leur permettra de se prêter mutuellement des ouvriers au gré des fluctuations de leur production.
La création de ce GEP se fait sous le parrainage du préfet de l’Ain, qui y voit un moyen de limiter le recours au chômage partiel. En effet, depuis l’été 2016, la moitié des travailleurs de l’usine ArcelorMittal (fils et câbles) de Bourg-en-Bresse est au chômage quasi permanent. La Dirrecte (Direction régionale du travail et des entreprises) a prolongé de six mois le dispositif d’activité partielle. Arcelor ne paie pas les salaires, qui sont versés par la collectivité à 70 % du brut, occasionnant une perte de 300 à 400 euros par mois pour les travailleurs.
Non seulement le groupe ArcelorMittal a reçu plus de 25 millions d’euros en 2015 au titre du CICE, mais il fait payer les aléas de son marché à la collectivité et aux ouvriers. Avec la chute du cours du pétrole, les commandes de flexibles pour les forages pétroliers se sont effondrées. Comme le marché est profitable, Arcelor attend, sans trop de frais, qu’il reparte.
Mais comme la Dirrecte paie les salaires, elle veut inciter les patrons à instaurer une sorte de répartition du travail… à leur sauce. Ainsi des ouvriers d’Arcelor ont été « prêtés » à des usines voisines, Nexans ou Renault Trucks, ou à d’autres usines du groupe, à des centaines de kilomètres. Si certains travailleurs y trouvent leur compte, car ils évitent ainsi une perte financière, bien peu sont volontaires pour un exil loin de leur famille pendant des semaines entières.
Arcelor, Nexans ou Renault Trucks devraient payer l’intégralité des salaires, même s’il n’y a du travail qu’un jour par semaine pour chacun, et sans imposer à quiconque d’aller travailler à des centaines de kilomètres. ArcelorMittal se prétend en difficulté, mais l’année 2016 devrait se solder par un bénéfice net de 1,5 milliard d’euros ! Ces bénéfices, ainsi que la fortune accumulée par Lakshmi Mittal, doivent être utilisés pour financer une telle répartition du travail.