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- Lutte ouvrière n°2536
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Leur société
Les candidats et l’économie : pas touche aux profits patronaux !
Ce n’est pas en fonction de leur programme précis que les « gros » candidats à la présidentielle recueilleront plus ou moins de suffrages. Ils se doivent néanmoins d’en présenter un, correspondant à leur positionnement sur l’éventail politique des partis bourgeois.
S’ils tentent autant que possible d’avoir l’air innovants, ils recyclent en guise de programme les vieilles recettes mises au service du profit du patronat et des actionnaires. Fillon jouera, dit-il, la carte de l’intelligence artificielle en favorisant l’investissement dans les start-up. Macron, celle des cleantechs, ce qui a le triple avantage de sonner propre, technique, et anglo-saxon, sans vouloir rien dire. Hamon mise sur la transition écologique, qui serait riche en emplois, et envisage de taxer les robots. Le Pen, moins inventive, évoque le « patriotisme économique impossible à mettre en œuvre dans le cadre de l’Union européenne ».
Mais une constante figure, à une sauce ou à une autre, dans le programme de tous. Le CICE, le crédit d’impôt compétitivité-emploi, ce cadeau qui, entre sa création par Hollande en 2013 et fin 2015, a rapporté aux entreprises 48 milliards d’euros, subsiste. Il se trouve même, pour certains, pérennisé, pour que ces messieurs puissent compter assurément sur cette ligne budgétaire. Fusionné avec les divers allègements de taxes et de cotisations sociales patronales chez Fillon, le CICE nouveau créerait un véritable choc de compétitivité, pour faire écho aux souhaits de Gattaz. 40 milliards seraient d’ailleurs reversés immédiatement au patronat, au 1er septembre prochain.
Macron transformerait, transfigurerait même le CICE en allègement de charges pérenne, de même que Le Pen. Hamon, ancien ministre de Hollande, ne renie pas cette mesure. Il en consacrerait une partie à augmenter quelque peu le RSA (jusqu’à 600 euros par mois) et conditionnerait son versement à une réduction du temps de travail… de la même façon sans doute qu’il devait prétendument servir à créer des emplois et n’en a créé aucun !
Sur le mode « haro sur les dépenses publiques », Macron met la barre à 60 milliards de baisses consistant pour partie en 10 milliards économisés sur l’indemnisation du chômage, et pour partie en 15 milliards d’économies sur les dépenses de santé. Mais Fillon peut mieux faire : il promet 100 milliards de baisse de dépenses publiques, qu’il irait chercher sans doute en supprimant 500 000 emplois dans la fonction publique. Le Pen prétend faire des économies en supprimant l’aide médicale d’État pour les plus démunis : tant pis si, la prévention et les soins simples une fois supprimés, le coût de la santé pour les plus pauvres exploserait inévitablement par la suite.
Perpétuant le mythe de la baisse des taxes pour le patronat qui favoriserait l’embauche, les uns ou les autres promettent de baisser l’IS, l’impôt sur les bénéfices des sociétés. En échange, il leur faudra bien augmenter… la TVA de deux points pour Fillon, ou la CSG pour Macron, ou taxer les embauches de travailleurs étrangers ou des produits importés pour Le Pen, ce qui est inepte et choquant.
Les salaires insuffisants, les allocations et les retraites ? Aucun de ces messieurs-dames, qui n’ont pas et n’auront jamais de problèmes de fin de mois, n’en a cure. Le chômage, la situation tragique de ces six millions de travailleurs sans emploi, au bas mot, pas davantage ! Ce ne sont pas les intérêts de ces électeurs-là qu’ils représentent.