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Politique
Tribunal à Roissy : justice d’exception
Plusieurs associations humanitaires et syndicats, dont celui de la magistrature, ont demandé au ministre de l’Intérieur de renoncer à l’ouverture d’une salle d’audience sur l’aéroport de Roissy, chargée de juger les étrangers entrés en France en situation irrégulière.
Actuellement, les étrangers atterrissant à Roissy sans répondre aux critères exigés (absence de document d’hébergement, insuffisance de moyens financiers ou précédente interdiction d’entrée sur le territoire) sont conduits dans une zone d’attente située sur l’aéroport, la Zapi, en attendant que le tribunal statue sur leur sort, en l’occurrence le TGI de Bobigny. Pour éviter les allers-retours entre les deux endroits, le ministère de l’Intérieur avait dès 2006 voulu délocaliser une salle d’audience au sein de la Zapi, motif pour lequel la Cour de cassation avait marqué son opposition. Mais en novembre 2016 le ministère de la Justice avait relancé le projet gelé trois ans plus tôt par Christiane Taubira, et la salle d’audience devait s’ouvrir d’ici la fin de l’été.
La justice doit en principe être rendue publiquement, et ce ne sera pas le cas si la salle est située à l’intérieur de la zone de rétention. Or, « à partir du moment où elle se passe en vase clos, sans public pour venir assister au jugement, bien évidemment il y a des dérives », craignent les défenseurs. En outre, cela mettrait en place une « justice parallèle, une justice d’exception » réservée aux seuls étrangers, ce qui revient à les stigmatiser en les désignant comme étant a priori coupables.
« La France terre d’asile » tient plus que jamais de la légende hypocrite dès lors que les migrants sont parqués à leur arrivée, en attendant d’être expulsés en vertu d’un jugement rendu loin de tout regard.