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Politique
Aux Transports : nouvelle ministre et ex-patronne de la RATP
Pour jouer la comédie du renouveau, Emmanuel Macron fait entrer des têtes nouvelles au gouvernement, dont celle de la patronne de la RATP. Une illustration de ce que Macron entend par « ouverture à la société civile ».
Si elle est inconnue du grand public, Élizabeth Borne a déjà derrière elle trente ans de carrière au service du patronat : tour à tour conseillère auprès de Jack Lang puis de Lionel Jospin, directrice de la stratégie à la SNCF, directrice chez Eiffage, directrice de l’urbanisme à la mairie de Paris, préfète de Poitou-Charentes, PDG de la RATP, etc. Une carrière en essuie-glace entre le public et le privé qui n’a rien d’exceptionnel car, aussi bien dans les sommets de l’État que dans ceux des grandes entreprises, on trouve un tel personnel dirigeant, totalement dressé à la défense des intérêts de la bourgeoisie.
Pendant son court séjour à la tête de la RATP, Borne a poursuivi en l’aggravant la politique de ses prédécesseurs. Les salaires sont quasiment bloqués depuis des années. Dans le secteur des bus, dont l’ouverture à la concurrence est prévue en 2024, les agents sont soumis à une pression permanente. On ne compte plus les révocations pour infraction à un règlement de plus en plus strict. Les contrôles à domicile des malades sont de plus en plus fréquents. Si une feuille d’arrêt maladie est envoyée un jour trop tard, l’agent est convoqué. Des brigades de surveillance du personnel fournissent à la direction de multiples prétextes à sanction : du passage au feu orange à l’écart de langage.
À la maintenance aussi, la productivité est devenue le maître mot. Les effectifs baissent, malgré une masse de travail en hausse. Pour l’entretien des métros, le travail en 2×8 et le travail de nuit ont été mis en place, afin d’en faire plus avec le même matériel. Des activités qui avaient été sous-traitées, comme une partie de la maintenance des distributeurs de tickets ou des escaliers mécaniques, ont été reprises par la RATP, sans que celle-ci embauche en conséquence. C’est même l’inverse : un départ à la retraite sur deux n’est pas remplacé.
Tout cela n’empêche pas la plupart des dirigeants syndicaux de cette entreprise de dresser un portrait louangeur de leur ex-patronne. La CGT n’est pas en reste. Dans son communiqué de presse, elle regrette le départ de « cette femme de dialogue qui aura su maintenir une certaine qualité dans les relations sociales ». Ce communiqué paraissait deux jours avant la comparution pour révocation d’un conducteur de métro, militant CGT, devant le conseil de discipline !
Heureusement, cette opinion n’est pas celle de bien des militants, qui pensent que la tâche du jour est de se préparer au combat face à un gouvernement qui affiche sa volonté de s’en prendre violemment au monde du travail.