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Guadeloupe : la grève des ouvriers de la banane se poursuit
Entrés en lutte le 18 mai, les travailleurs des plantations de banane de Guadeloupe poursuivent leur grève. Pratiquant la grève marchante, vieille tradition des ouvriers agricoles, ils ont pu gagner au mouvement des travailleurs de 18 plantations.
Les travailleurs qui ont donné l’exemple il y a quelque temps sont ceux de la plantation Bois-Debout, qui ont obtenu entre 10 000 et 20 000 euros pour chacun, récupérés sur ce que le patron leur avait volé depuis des années. Une décision des Prudhommes puis une grève pour faire exécuter le jugement avaient fait céder le patron. Aujourd’hui, ayant satisfaction, ils ne sont pas en grève mais soutiennent fortement et conseillent leurs camarades des autres plantations.
Les grévistes ont étudié leurs fiches de paye des années 2012 à 2016. Résultat : dans toutes les plantations, il y a des irrégularités. Nulle part les planteurs ne payent aux ouvriers la totalité des salaires. Les sommes dues pour ces cinq années seulement sont en moyenne de 10 000 euros par ouvrier, et peuvent s’élever jusqu’à 18 000 euros.
Ils réclament aussi l’application de la loi de 1978 sur la mensualisation et la fin du travail à la tâche, le respect des conditions d’hygiène et de sécurité. Ils ne supportent plus les souffrances et déformations physiques dues au transport de trois à quatre tonnes de banane par jour, les rhumatismes, les douleurs lors de la manipulation des « mains » de banane, les blessures, les maladies, les décès dus aux pesticides et aux multiples dangers que leur font courir les patrons.
Avec leur comité de grève et ses dirigeants élus en assemblée générale, les grévistes organisent du mieux possible leur lutte dans tous ses aspects. En plus de la grève marchante quotidienne devant les plantations, ils ont organisé deux manifestations à Capesterre-Belle-Eau, la ville autour de laquelle se situent l’ensemble des plantations, ainsi que deux meetings devant la mairie de cette ville. Un troisième meeting était prévu mardi 13 juin, au même endroit après une conférence de presse le matin à Pointe-à-Pitre. Environ 200 travailleurs se retrouvent lors de tous les rassemblements.
Mardi 6 juin, Marie-Hélène Marthe-dite-Surelly, dirigeante CGTM des ouvriers agricoles de la Martinique, candidate de Combat ouvrier aux élections législatives, est venue en visite de solidarité près de ses camarades grévistes de Guadeloupe et a participé avec eux à la grève marchante du jour, avant de regagner dans la soirée l’île sœur.
Face à cette mobilisation, le préfet a appelé les grévistes et le dirigeant du groupement des planteurs à se rencontrer en sa présence jeudi 15 juin. Ce même jour, la CGTG qui soutient le comité de grève a décidé d’organiser une journée d’action et de manifester à Basse-Terre, où se trouve la préfecture.
Les planteurs font mine d’ignorer la grève et tentent de jouer la montre. Ils tentent de faire travailler des chômeurs non déclarés et de rappeler les grévistes en les menaçant. Peu d’entre eux reprennent le travail. Mais, chaque jour, quelques grévistes de plus rejoignent le mouvement.
Au dernier comptage, sur 120 conteneurs, seulement 30 ont réussi à partir vers le port. La grève a donc un impact certain sur les profits à venir de ce patronat. Les grévistes sont déterminés et ont occupé un local à Capesterre pour se réunir, après le refus réitéré du maire de leur fournir un lieu de réunion.
Lundi 12 juin, ils ont étendu la grève à une autre région, celle de Baillif, où se trouve l’une des plantations du dirigeant du groupement des planteurs, M. Lignières. Huit travailleurs ont rejoint la grève et pensent en entraîner d’autres. Il en est ainsi un peu chaque jour.
Les 50 % environ de grévistes à l’échelle de l’ensemble des plantations sont bien décidés à obtenir gain de cause.