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Autriche : la droite et l’extrême droite au gouvernement
Après sa victoire aux élections législatives d’octobre dernier, Sebastian Kurz, leader du parti conservateur autrichien ÖVP (Parti du peuple autrichien) a conclu le 16 décembre un accord de gouvernement avec le parti d’extrême droite FPÖ (Parti autrichien de la liberté).
Nul n’est surpris par la formation de cette coalition. Arrivé en tête en octobre avec 31 % des voix, l’ÖVP de Kurz se devait de gouverner avec l’un ou l’autre des partis arrivés en seconde et troisième positions, le SPÖ social-démocrate (27 % des voix) ou le FPÖ (26 %). La campagne de Kurz avait clairement auguré d’un rapprochement avec le FPÖ, ne serait-ce que dans les thèmes abordés et sa démagogie anti-migrants. « Nous avons eu raison de fermer la route des Balkans et je me battrai pour que l’axe méditerranéen soit fermé aussi », n’avait-il cessé de répéter. C’est de toute façon en brisant la précédente alliance de gouvernement avec les sociaux-démocrates du SPÖ que l’ambitieux Kurz, 31 ans, dont la moitié au parti conservateur, avait provoqué les élections anticipées.
Kurz est proche de l’extrême droite dans sa propagande, jusqu’à avoir troqué dans ses affiches le noir, la couleur traditionnelle de son parti, pour du bleu proche de celle de son nouvel allié. Mais surtout, le gouvernement de coalition affiche la couleur : Kurz devient chancelier, secondé par Heinz-Christian Strache, le leader du FPÖ, vice-chancelier. Le FPÖ obtient six postes sur treize, dont l’Intérieur, la Défense et les Affaires étrangères. Rivalisant sans peine avec Kurz en matière de déclarations anti-immigrés, anti-réfugiés et anti-islam, Strache permet à la formation d’extrême droite de revenir au pouvoir central, après en avoir été écartée pendant près de dix-huit ans.
Cela n’avait d’ailleurs pas empêché ce parti de peser, au plan national comme au plan régional, puisqu’une alliance existait depuis 2015 entre le FPÖ et le SPÖ à la tête du land oriental du Burgenland. Les ambiguïtés du chancelier social-démocrate Kern et de son gouvernement vis-à-vis de la politique migratoire, sa politique propatronale et la démoralisation entraînée dans l’électorat de gauche ont ouvert la voie à la nouvelle coalition.
Quelles seront les mesures du nouveau gouvernement ? Il y a tout lieu de penser qu’elles consisteront en attaques contre les plus pauvres des 8,7 millions d’habitants. Dans ce pays où 1 % des plus fortunés accaparent plus de 40 % des richesses produites, les travailleurs sont visés, à commencer par ceux qui sont arrivés le plus récemment et ceux qui viennent de l’est de l’Europe, auxquels Kurz a déclaré vouloir imposer des restrictions d’accès.