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Vallée d’Aspe : un accident annoncé
Lundi 27 août, en vallée d’Aspe, un camion-citerne ratait un virage et plongeait dans le ravin, perdant 12 000 litres de chlorite de sodium, déclenchant une pollution d’ampleur, le chauffeur a été tué.
Cet accident est loin d’être le premier, tout le monde savait qu’il allait se reproduire un de ces jours, y compris les autorités. Les employés d’EDF sont même préparés à l’éventualité de devoir effectuer des lâchers d’eau exceptionnels dans le but de diluer des produits toxiques déversés dans la rivière, le gave d’Aspe.
En effet, la nationale 134, moins connue sous le nom d’axe européen E7, qui relie Pau à Saragosse en Espagne, prend régulièrement la forme d’une petite route de montagne. Le camion semi-remorque a quitté la route dans une série de virages extrêmement serrés et dans lesquels deux camions ne peuvent pas se croiser. Les autorités trouvent pourtant normal de laisser circuler sur cette route des centaines de camions chaque jour.
Cette nationale a certes connu bien des réaménagements au cours des années. Le tunnel du Somport, ouvert en 2003, a permis d’éviter une partie du parcours montagneux le plus dangereux. Pour autant cela n’en fait pas un axe sécurisé capable de recevoir un tel trafic.
Une bonne partie des camions qui transitent par la vallée d’Aspe le font par choix de directions d’entreprises de transport qui préfèrent lancer les chauffeurs sur des routes dangereuses plutôt que de payer les péages des autoroutes qui passent en bord de chaîne pyrénéenne. Le trafic a d’ailleurs manifestement augmenté depuis janvier du fait de l’instauration d’une écotaxe au Pays Basque espagnol que ces mêmes patrons cherchent à éviter.
Cette situation est criminelle à plus d’un titre. Les camions sont dangereux pour leurs chauffeurs, pour l’environnement, mais également pour les habitants des villages traversés.
Suite au dernier accident, les élus locaux ont appelé à une manifestation qui a bloqué symboliquement le trafic des camions durant une heure avant que la gendarmerie n’évacue les deux cents manifestants.
À défaut de voir effectuées les transformations nécessaires sur cette route (élargissements, contournements de villages, nouveaux tracés), les manifestants revendiquent l’interdiction de la circulation des poids lourds, à commencer par les citernes. Et il leur semble tomber sous le sens que le trafic devrait plutôt se porter sur le rail. La ligne de chemin de fer internationale, fermée en 1970, représenterait un axe bien plus sécurisé et d’ailleurs bien moins polluant.