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- Lutte ouvrière n°2628
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Leur société
Artisans commerçants : l’augmentation du smic contre les emplois ?
« Augmenter le smic, ça détruit des emplois » a déclaré Muriel Pénicaud ajoutant, sans rire, « si on augmente tous les salaires de façon automatique, il y a plein d’artisans et de commerçants qui vont mettre la clé sous la porte ».
Les difficultés, réelles ou supposées, des petits patrons sont toujours mises en avant par les plus gros pour justifier leurs mauvais coups contre les travailleurs ou pour obtenir baisses de cotisations et subventions publiques. Porte-parole du grand patronat, Macron et ses ministres répètent ces arguments pour les faire entrer dans les têtes et pour justifier le fait que l’État finance intégralement les concessions que la mobilisation des gilets jaunes lui a imposées.
Si certains petits patrons, artisans ou commerçants, peuvent avoir des difficultés de trésorerie, les millions de salariés qui n’arrivent pas à vivre avec des salaires trop faibles, toujours en retard sur la hausse du coût de la vie, n’y sont pour rien. Ceux qui les étranglent sont leurs banquiers, leurs fournisseurs, leurs donneurs d’ordre. Quand les quatre géants du bâtiment, Vinci, Bouygues, Colas et Eiffage versent des dividendes astronomiques à leurs actionnaires, personne ne vient se plaindre qu’ils mettent en péril les petits patrons du BTP. Ce sont pourtant les grands groupes qui les obligent à tirer leurs prix vers le bas, ce qu’ils répercutent sur les maçons ou les plaquistes qu’ils emploient en réduisant les effectifs et les salaires.
Un slogan publicitaire vantait ces dernières années « L’artisanat premier employeur de France » avec 3,5 millions d’entreprises. Ce que le slogan ne disait pas, c’est qu’en France 5 200 entreprises, grandes ou très grandes, emploient la moitié des salariés du secteur privé et produisent 60 % de la richesse du pays. L’immense majorité des petites ou très petites entreprises est donc entièrement dépendante de quelques centaines de groupes capitalistes, ceux du Cac 40 et quelques autres, non cotés à la bourse, comme Auchan, Michelin ou Lactalis. C’est en exploitant les travailleurs, en augmentant les cadences, en supprimant des emplois, mais aussi en pressurant leurs sous-traitants, que ces groupes accumulent, année après année, des milliards de profits. C’est pour mettre en œuvre, jour après jour, cette exploitation que les PDG de ces entreprises touchent, en moyenne, cinq millions d’euros par an, soit 250 fois le smic. C’est contre ceux-là que les artisans et petits patrons qui ne s’en sortent pas doivent se retourner !
Quant aux travailleurs, qui produisent toutes ces richesses, ils n’ont que leur salaire pour vivre. Celui-ci est devenu si bas pour beaucoup qu’il ne permet plus de finir le mois, qu’il impose de se priver de tout. Imposer une augmentation de 4 ou 500 euros par mois ainsi que l’indexation des salaires sur l’inflation réelle est une nécessité vitale pour assurer leur droit à l’existence. La classe des travailleurs a la puissance et la force collective pour engager ce combat contre la classe capitaliste, riche à milliards, qui pille l’économie. Artisans et petits patrons ont intérêt à choisir ce camp.