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- Lutte ouvrière n°2628
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Dans les entreprises
Terminal de Roissy : le procès de l’effondrement… quatorze ans après !
En 2004, le terminal 2E de l’aéroport de Roissy s’était effondré, tuant quatre personnes. Quatre entreprises en avaient été estimées responsables, et 14 ans après le procès vient de s’ouvrir au tribunal correctionnel de Bobigny.
Après ces quatorze années, plusieurs acteurs de cette affaire ont disparu. Des experts du dossier sont en retraite. Un avocat a cessé ses activités, un autre n’a plus de nouvelles de ses clients et l’architecte à l’origine de ce drame est décédé. Les quatre entreprises poursuivies sont le groupe Aéroports de Paris (ADP), le bureau d’études Ingerop, le constructeur GTM, filiale du groupe Vinci, et la société de certification Veritas, tous poursuivis pour homicides et blessures involontaires.
Le 23 mai 2004, une fissure est apparue dans le terminal. Des morceaux de béton ont commencé à tomber. Des agents de la police des frontières sont intervenus pour faire évacuer les lieux, mais le plafond s’est rapidement effondré sur trente mètres. Plusieurs voyageurs ont pu être dégagés des structures métalliques enchevêtrées mais quatre y ont laissé leur vie : une doctoresse libanaise vivant aux États-Unis en route vers New York, deux travailleurs chinois en transit vers Mexico et une Ukrainienne qui voulait s’installer aux États-Unis. Plusieurs personnes ont été blessées et traumatisées, notamment une employée d’une cafétéria qui n’a jamais pu retravailler car elle est, depuis, dans un état dépressif sévère.
Le procès aurait pu commencer plus tôt puisque les expertises étaient achevées en 2009. Celles-ci concluent que l’effondrement a été dû à « une très importante insuffisance de résistance des voûtes » et que « l’ouvrage était très proche de la ruine dès sa construction. » Le chantier de la portion écroulée avait été inauguré en 2003, un an seulement avant le drame ! Mais entre 2009 et 2018 il a encore fallu neuf ans pour que le procès ait lieu. Ce délai a étonné les avocats des plaignants, mais une fois de plus, il fait bien les choses pour les grandes entreprises dont la responsabilité civile est engagée dans cette affaire.