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Leur société
Macron et l’immigration : un fumet vichyste
Lors de sa conférence de presse du jeudi 25 avril, Macron a choisi de se mettre en scène en chauvin assumé, déployant une vaste panoplie de déclarations antimigrants destinées à plaire à l’électorat le plus réactionnaire.
Ce président, qui aime à jouer les esprits ouverts et à se présenter en européen convaincu, cherchait à faire oublier sa politique dévastatrice pour les salariés en désignant les migrants comme la cause de leurs problèmes.
Sur un ton martial, il a déclaré vouloir faire de la question migratoire son combat principal, à égalité avec l’écologie. Le contenu de ses propos était directement pioché dans les préjugés et les élucubrations des politiciens les plus chauvins. S’inspirant du Rassemblement national qui présente l’Europe comme une passoire, il a déclaré : « Les frontières communes, Schengen, les accords de Dublin, ne marchent plus. » Il a repris presque mot pour mot les bêtises xénophobes d’un Dupont-Aignan, assénées avec une assurance crasse : « Pour être ouvert, il faut des limites », « Pour accueillir, il faut une maison, donc il faut des frontières ».
La posture chauvine de plus en plus clairement assumée de Macron remet en cause un des rares avantages de l’Union européenne pour les salariés, la possibilité pour ses membres de circuler d’un pays à un autre, voire d’y travailler, sans avoir à constamment présenter ses papiers à chaque frontière.
Pour Macron, l’urgence de l’heure est de renforcer les contrôles aux frontières de l’Europe. Comme si les milliers de personnes qui meurent chaque année, noyées en Méditerranée n’étaient pas encore suffisants ? Le prétendu idéal européen de Macron tend à s’effacer derrière la manœuvre politicienne. Son ambitieux « projet national » se résume à celui de sa future réélection. « L’art d’être français » revendiqué par Macron, même assorti de fioritures littéraires, rejoint sur le fond celui d’un Dupont-la-Joie satisfait d’afficher sa xénophobie. Même dans son ton, Macron copie toujours plus platement les postures de Sarkozy à l’époque où il voulait siphonner l’électorat du Front national. Macron a d’ailleurs profité de l’occasion pour promettre un débat annuel sur l’immigration au Parlement, reprenant ainsi à son compte la proposition démagogique des Républicains que son parti, la République en marche, rejetait la veille.
Le pire, si on peut dire, des déclarations de Macron visait les travailleurs d’origine africaine. La formule choisie, parlant d’une Europe devant « repenser sa coopération avec l’Afrique pour limiter l’immigration subie », n’était pas seulement humainement ignoble mais lourde de menaces. Ce ne sont pas seulement les soi-disant abus du droit d’asile que le président a critiqués, alors que les refus d’accorder ce droit élémentaire n’ont jamais été aussi systématiques. Mais c’est aussi le droit de vivre avec sa famille, reconnu tardivement à travers les procédures de regroupement familial, que Macron a ouvertement remis en cause.
Seul un fieffé réactionnaire, ennemi patenté des travailleurs dans tous les domaines, peut ainsi présenter l’immigration comme un fardeau, une charge à partager. Pour tout salarié conscient, installés ici depuis souvent des générations, les travailleurs d’Afrique qui ont dû quitter leurs pays ravagés, en particulier par la France, par le colonialisme hier et par l’impérialisme aujourd’hui, sont les bienvenus ici.
Ce ne sont pas seulement des hommes réduits à la misère et à braver des périples toujours plus dangereux pour fuir des vies impossibles. Comme chacun d’entre nous, ils sont simplement contraints d’aller vivre en tant qu’exploités là où ils peuvent gagner leur vie, parfois très loin de leurs proches et de la vie qu’ils espéraient. Ce sont de futurs voisins de palier, des collègues de travail, des camarades précieux dans tous les combats à mener contre nos ennemis communs que sont les exploiteurs.