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- Lutte ouvrière n°2651
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Leur société
Loi mobilités : s’ils n’ont pas de train, qu’ils prennent une trottinette !
Après le Sénat, l’Assemblée nationale va entamer l’examen du projet de loi sur « l’orientation des mobilités », censé régir le développement des transports dans les décennies à venir. Ce projet illustre parfaitement l’incapacité de la bourgeoisie à répondre aux besoins croissants de transports et à conjurer les menaces que son système fait peser sur la nature et les hommes,
Alors que les experts du climat ne cessent d’alerter sur les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique et de la pollution atmosphérique, la part du transport ferroviaire de marchandises dans l’Union européenne est passée entre 1971 et aujourd’hui de 45 % à 17 %. Dans la même période, le transport par route est passé de 37 à 73 %. En France, le fret ferroviaire, ouvert à la concurrence depuis 2003, a été divisé par deux et ne représente plus que 15 % du secteur. Les axes routiers, dont l’entretien est laissé à la charge des collectivités, sont surchargés de poids lourds empoisonnant l’existence des habitants des territoires traversés.
L’évolution du transport de voyageurs est tout aussi catastrophique : faute d’investissement et d’entretien dans les infrastructures ferroviaires, une fraction considérable du réseau ferré et de ses équipements est frappée de vétusté. Des ralentissements sont imposés sur 4 900 kilomètres de voies. En région parisienne, les usagers des transports subissent quotidiennement pannes, retards ou suppressions de trains dans un réseau hors d’âge et saturé.
Faute d’entretien, près d’un tiers du réseau ferré est menacé par la disparition des prétendues petites lignes, pourtant vitales pour les habitants et l’avenir des régions concernées. Plutôt que d’investir massivement dans la construction et la régénération du réseau, la SNCF, sous l’injonction des gouvernements successifs, remplace les trains par des bus. Au mépris de la pollution atmosphérique, elle multiplie encore les risques d’accidents routiers. Et bien souvent les travailleurs n’ont plus d’autre choix que d’utiliser leur voiture pour se déplacer, occasionnant des frais et de la fatigue supplémentaire. Des gares sont fermées partout sur le territoire, malgré l’opposition des populations concernées.
Le projet de loi gouvernemental ne fait qu’encourager cette évolution. Il consacre le désengagement de l’État, laissant aux autorités organisatrices de transports, c’est-à-dire aux régions, le soin de financer ou d’abandonner les lignes desservies. D’autre part il veut généraliser l’ouverture à la concurrence dans les trains, les bus, alors que cela ne peut qu’introduire encore plus de gaspillage et d’anarchie.
Pour masquer cet abandon, le gouvernement glose sur ce qu’il appelle les nouvelles mobilités, à savoir les vélos, les trottinettes, le covoiturage, les véhicules dits propres, qu’il prétend encourager. Elles ont toutes le mérite, aux yeux du gouvernement, d’utiliser la route, quand ce n’est pas le trottoir, et ne nécessitent aucune réelle infrastructure nouvelle. Quant à la prime mobilité maximale de 400 euros par an que le patronat pourrait verser aux salariés cyclistes ou covoitureurs, elle est pour l’instant optionnelle et de toute façon serait à mille lieues de résoudre les problèmes de transport des millions de travailleurs.
L’organisation de la société capitaliste est aberrante, celle des transports est à son image. Pour commencer, il faudrait immédiatement embaucher des centaines de milliers de travailleurs dans la construction et la régénération des infrastructures de transport collectif.
Pour assurer à chacun le droit de se déplacer et préserver l’environnement, il faudrait instaurer la gratuité des transports en commun, leur développement harmonieux en fonction des besoins de la population et des générations à venir, de l’échelon local jusqu’à l’échelon international. Et pour cela, il faudra tout d’abord retirer le permis de conduire l’économie à la classe capitaliste.