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- Lutte ouvrière n°2657
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Dans les entreprises
Renault – Cléon : grève à l’unité fonderie
Jeudi 27 juin, la colère des ouvriers de la fonderie de Renault-Cléon, près de Rouen, a débordé. Appelés à un débrayage le matin à propos de l’avenir du secteur, les travailleurs ne se sont pas satisfaits des pauvres explications du chef de département.
Ils ont décidé de poursuivre la grève pour aller, le plus nombreux possible, interpeller le directeur, alors en réunion de CSE.
Depuis plusieurs semaines, ils constatent une baisse importante de la production. Des travailleurs intérimaires ont déjà été poussés vers la porte et la direction annonce l’objectif de supprimer tous les intérimaires du secteur d’ici octobre. L’équipe qui travaillait en SD, le samedi et le dimanche, est supprimée et les ouvriers qui retournent en semaine sont priés d’adapter leur organisation familiale aux changements que cela suppose, notamment pour la garde des enfants. Sur vingt-quatre presses, huit sont mises à l’arrêt, sous prétexte qu’elles ne seraient plus rentables.
Le résultat de ces suppressions de postes, c’est que la pression s’accentue pour tous ceux qui restent, avec des heures supplémentaires programmées. Et cela au moment même où des camarades intérimaires se retrouvent à pointer au chômage, et où la direction impose des jours de RTT dans d’autres secteurs de l’usine, parce que la fonderie n’arrive plus à fournir les pièces nécessaires à la fabrication des moteurs !
Interpellé, le directeur, fraîchement débarqué à Cléon, a mis en avant le fait que Cléon n’était pas rentable, chute du moteur diesel oblige, que les discussions sur les fusions compliquaient les choses, etc., tout en assurant bien sûr qu’il n’était pas question de fermer la fonderie.
Ces discours-là, les travailleurs les connaissent par cœur. Mais ils savent compter aussi ! Renault a fait plus de huit milliards d’euros de bénéfice net en deux ans. Les actionnaires ont touché plus d’un milliard d’euros de dividendes, et tout cela sans compter les millions dont les dirigeants du groupe se sont goinfrés, Ghosn en tête. Il y aurait l’argent pour garantir les emplois de tous, y compris des travailleurs intérimaires.
Confronté aux travailleurs de la fonderie, le directeur a assuré qu’il « jouait dans l’équipe Cléon ». Sans doute, mais lui joue dans l’équipe des grands actionnaires. Les travailleurs de la fonderie, eux, sont dans l’équipe adverse, celle de l’ensemble des travailleurs de l’usine, sur lesquels pèsent les mêmes menaces. Pour s’opposer à la logique de rentabilité faite sur leur dos, c’est ensemble qu’ils pourront gagner le match.