Bahamas : une catastrophe humanitaire et sociale11/09/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/09/2667.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bahamas : une catastrophe humanitaire et sociale

Le passage de l’ouragan Dorian, entre les 1er et 3 septembre, a été dévastateur au nord-ouest de l’archipel des Bahamas, en particulier pour l’île de Grand Bahama et les îles Aboco.

Une semaine après la catastrophe, le bilan humain était estimé à 44 morts, mais les disparus se comptent en milliers. Le Programme alimentaire mondial chiffre à 76 000 le nombre de personnes à secourir, pour une population totale de 390 000 habitants.

Constituées de 700 îles, achetées pour certaines par des milliardaires, les Bahamas ont été une colonie britannique avant de devenir indépendantes en 1973. Plus de 80 % des importations et des exportations de l’archipel se font avec les États-Unis. C’est un homme d’affaires américain, Wallace Groves, qui a fait construire Freeport, principale ville de Grand Bahama et deuxième ville de l’archipel. Paradis fiscal et paradis pour riches touristes, les Bahamas sont pour ceux-là l’eldorado qui a remplacé Cuba, après la révolution castriste de 1959.

L’ouragan Dorian n’a pas épargné certains sites touristiques de luxe, mais il a surtout laissé dans le désarroi et le dénuement la population travailleuse et les plus pauvres. Les autorités ont annoncé que le plus grand bidonville des Bahamas, dans le quartier surnommé The Mudd (la boue) de Grand d’Aboco, n’était plus qu’un vaste champ de débris où flottait l’odeur pestilentielle de la mort : une semaine après l’ouragan, la zone n’avait pas été visitée par les secours. Ce sont en particulier les immigrés haïtiens, estimés à 80 000 et dont 50 000 seraient en situation irrégulière, qui risquent de payer un lourd tribut à la catastrophe naturelle, d’autant que pour eux toute fuite est compliquée par l’absence de papiers.

Les Bahamas sont présentées comme un pays où le revenu par tête d’habitant est parmi les plus élevés des Caraïbes, incomparable avec celui de Cuba ou Haïti. Il n’empêche que, plus d’une semaine après la catastrophe naturelle, la population est livrée à elle-même et ne tire aucun avantage de cette prétendue richesse, ni de la proximité des États-Unis, qui ne font rien pour empêcher une catastrophe humanitaire.

En campagne pour sa réélection, Trump a uniquement cherché à exploiter politiquement ce drame sur le terrain de la démagogie antimigrants.

Il a déclaré, le 8 septembre, qu’il n’était pas question d’accueillir de survivants sans papiers, sans visa, sans certificat de bonnes vie et mœurs…

Après avoir subi la violence du cyclone Dorian, la population des Bahamas est victime de celle de Trump et d’un système économique et social qui laisse mourir les plus pauvres.

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