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- Lutte ouvrière n°2667
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Editorial
Non à la démolition des retraites !
Le gouvernement a décidé de faire traîner en longueur la réforme des retraites. Après 18 mois de « concertations » et une dernière séance de discussions avec les syndicats, il lancera cette semaine un pseudo-débat de plusieurs mois. C’est une façon comme une autre de noyer le poisson et d’endormir les travailleurs.
Cette réforme est une nouvelle attaque, et de taille ! Que l’on parle d’âge pivot à 64 ans, comme l’a préconisé Delevoye, ou que l’on préfère, comme Macron, allonger la durée de cotisation, tous les futurs retraités seront perdants. Ils perdront d’autant plus que le mode de calcul de cette retraite par points fera dépendre la pension des salaires touchés tout au long de la carrière, et non plus des meilleures années. Quant à la valeur du point, le gouvernement se réserve le droit de la modifier !
De réforme en réforme, c’est toujours la même folie. Pour toucher une retraite complète, il faudrait rester au travail après 62 ans, alors que la moitié des plus de 55 ans sont licenciés, mis au chômage ou en invalidité. Il faudrait avoir cotisé 43 ans, alors que la précarité et les périodes de chômage sont devenues le lot commun. Le gouvernement parle d’égalité ? Mais ce sera l’égalité dans les sacrifices et dans les retraites de misère !
La prudence du gouvernement montre qu’il redoute les réactions populaires et ne veut prendre aucun risque avant les municipales. Il sait que le mécontentement exprimé dans le mouvement des gilets jaunes couve toujours et il craint une nouvelle explosion de colère. C’est la preuve que nous ne nous ferons respecter qu’en nous mobilisant.
Si Macron a trouvé urgent d’attendre, les travailleurs, eux, n’ont aucune raison de rester les bras croisés. Nous pouvons stopper ses attaques, à condition de nous rassembler et d’exprimer notre colère collectivement. À condition de nous faire craindre. Et nous pouvons le faire, avec nos armes de travailleurs, la grève et les manifestations.
Les salariés de la RATP seront les premiers à dire leur opposition à cette réforme le 13 septembre. Ils ont calculé qu’elle leur fera perdre, en moyenne, 500 euros mensuels sur leur retraite, et ils ne s’y résignent pas. Ils ont mille fois raison. Si leur grève est une réussite, ce sera un encouragement pour les travailleurs de tous les autres secteurs à faire de même et à répondre le plus nombreux possible à l’appel de la CGT le 24 septembre.
Les travailleurs n’ont aucune raison d’accepter de se faire voler une partie de leur pension. Chaque euro pris au monde du travail ne sert qu’à arroser les actionnaires et à grossir les fortunes délirantes d’une minorité. Et, plus grave encore pour l’avenir de la société, tous ces sacrifices ne servent au bout du compte qu’à alimenter un système financier hors de tout contrôle.
À chacune de leurs attaques, grand patronat et gouvernement expliquent la bouche en cœur qu’il s’agit de préserver l’avenir. À les en croire, ils suppriment des lits dans les hôpitaux pour sauver le système de santé. Ils réduisent les droits des chômeurs pour pérenniser le système d’allocations chômage. Ils s’acharnent contre les retraités pour garantir l’avenir du système… Mais ils ne savent même pas si dans un mois, dans six mois ou dans un an, leur économie sera encore sur pied !
Pas une semaine ne passe sans que les économistes bourgeois annoncent l’imminence d’un nouveau krach. Bulles boursières, bulle sur l’or, bulle immobilière… la spéculation fait rage parce que, dans ce capitalisme pourrissant, la finance rapporte plus et bien plus vite que tout investissement dans la production. La spéculation a accumulé une telle quantité de matière explosive que le moindre choc, la moindre incertitude, ou de mauvaises prévisions, peuvent agir comme un détonateur sur un baril de poudre.
Une nouvelle preuve de la dinguerie du système a été donnée jeudi dernier, lorsque l’État français a emprunté en une seule journée 10 milliards, dont plus d’un milliard à des taux négatifs. Autrement dit, les prêteurs de capitaux perdront de l’argent.
Oui, les capitalistes se ruent sur les dettes des États, qu’ils pensent être des valeurs sûres, quitte à perdre des millions, parce qu’ils se préparent au pire, c’est-à-dire à un nouveau krach. Un krach qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour toute l’économie.
Et c’est pour cette économie de casino que les travailleurs devraient se saigner ?
Seul le monde du travail est en mesure de mettre fin à ce système économique absurde. En se battant pour ses intérêts, en se battant justement pour que les richesses produites par les travailleurs servent aux salaires, aux emplois, aux retraites et à toute la société au travers des services publics.
Bulletins d’entreprise du 9 septembre