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Leur société
Mort d’un réfugié
Depuis plus de onze mois, des migrants, des hommes, des femmes et des enfants, la plupart venant d’Afrique, du Soudan, d’Érythrée, de Libye, mais aussi d’Irak ou de Syrie, s’entassent dans et autour du gymnase Jeanne-Bernard à Saint-Herblain, dans la banlieue de Nantes.
Ce gymnase désaffecté et insalubre est propriété de l’Église catholique et les migrants expulsés il y a un an du square Daviais, au cœur de Nantes, y ont trouvé refuge. De 300 au départ, ils sont maintenant plus de 800 à survivre dans des conditions effroyables. Très peu de sanitaires, quelques douches froides, les rats, les punaises, les ordures qui s’entassent… Sans le secours des associations qui leur viennent en aide, surtout pour les nourrir, la situation serait pire encore.
Jeudi 3 octobre, l’un d’entre eux a été retrouvé mort, victime d’une crise cardiaque qui serait due à un syndrome asphyxique, dans une cabane de palettes accolée au gymnase. C’était un jeune Tchadien, Omar, qui comme bien d’autres a traversé l’Afrique d’abord, pour se retrouver esclave en Libye, avant de traverser la Méditerranée à ses risques et périls, pour rejoindre une partie de sa famille en Angleterre.
Cette mort a suscité beaucoup d’émotion, au gymnase d’abord, où la colère des migrants a éclaté dans l’après-midi quand un fourgon mortuaire a voulu emmener le corps de force. Feux de poubelles, barricades, tout l’après-midi les migrants se sont heurtés à la police arrivée en renfort.
La tension est retombée ensuite, faisant place aux discours lénifiants et hypocrites des élus de tout bord, qui étaient parfaitement au courant de cette situation indigne faite aux migrants dans ce gymnase appelé « la jungle » en référence à celle de calais
Mais mardi 8 octobre, à l’aube, la police est intervenue au gymnase Jeanne-Bernard pour, selon le sous-préfet, faire un recensement des personnes occupant les lieux. Si effectivement une cinquantaine de femmes et enfants ont eu la promesse d’être mis à l’abri dans d’autres lieux, cette opération a surtout consisté à « faire le tri » entre les bons migrants, demandeurs du droit d’asile et d’autres clandestins qui se retrouvent rejetés et sans papiers. Une dizaine d’entre eux ont été envoyés ce soir en centre de rétention avant une reconduite à la frontière.
Le préfet s’engage à nettoyer les lieux, à mettre des douches et sanitaires et aussi à nourrir tous ceux qui vont rester en attendant une expulsion définitive avant le 31 décembre. C’est un minimum qui aurait déjà dû être fait il y a longtemps. Mais fait nouveau et particulièrement choquant, les migrants autorisés à rester porteront un badge qui leur donnera accès au site et à eux seuls. Une façon de les contrôler davantage.
La ville de Nantes, quant à elle, s’est engagée à reloger une centaine de migrants dans une ancienne caserne près de la gare, alors qu’il y aurait la possibilité de les reloger tous correctement dans la ville.
Pour les migrants en errance à la veille de l’hiver, rien n’est réglé, au contraire !