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Leur société
Puits de carbone : polluer, dépolluer... et encaisser
Dépollueur d’air intérieur, dispositif d’assainissement dans les écoles, puits de carbone dans les villes : la lutte contre la pollution est aussi un business.
Au Raincy, en région parisienne, des appareils filtreurs ont été installés par Veolia dans deux écoles au bénéfice de 600 élèves. Coût : 5,50 euros par élève. Il faudra attendre quelques semaines pour juger de leur efficacité. Prudent, Veolia a aussi conseillé aux maires et directeurs d’école de passer au ménage bio et de choisir des peintures et des meubles n’émettant pas de particules toxiques... Évidemment, cela ne se fera pas non plus en un jour. Par conséquent, cela dédouane l’entreprise de ses responsabilités si les résultats ne s’avèrent pas aussi bons qu’espéré.
De même, à Poissy, Suez a installé en mai 2018 un puits de carbone en face de la gare, sur un axe de circulation très chargé et donc particulièrement pollué. Sans garantie de résultat, sauf le coût de la location : 20 000 euros l’année. C’est une colonne de quatre mètres de haut contenant un bassin d’eau douce ensemencé de microalgues. Stimulées 24 heures sur 24 par la lumière de leds, elles croissent en absorbant le CO2 par photosynthèse et sont ensuite transformées en biométhane par l’usine Azalys de Triel, toute proche. C’est intelligent, peut-être prometteur, mais cela ne fait le travail que de 50 arbres, selon un premier bilan en janvier dernier. 20 000 euros les 50 arbres, sans leur ombre, le milieu naturel qu’ils constituent, ça n’est pas donné. Justement, la mairie, pour faire de la place, a fait abattre bien plus de 50 arbres, qui ne coûtaient que l’eau qu’ils consommaient.
Quant aux dépollueurs d’air intérieur, un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) appelait en 2017 à se méfier des promesses des fabricants, en termes d’efficacité, et d’éventuels effets secondaires nocifs.
Le progrès des connaissances et de la technologie aidera peut-être l’humanité à combattre la pollution. Mais ce ne sera guère efficace tant qu’il restera aux mains des capitalistes et de margoulins d’abord soucieux de recycler le maximum d’argent, public ou non, en profits.