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Dans le monde
Grèce : les naufrageurs
Le 13 février, des habitants des îles du nord de la mer Égée ont manifesté contre la construction de camps de migrants fermés décidés par le Premier ministre de droite, Mitsotakis.
La situation est devenue intenable d’abord pour les migrants entassés dans des camps. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, cinq îles, Lesbos, Samos, Chios, Kos et Leros, concentrent 40 000 demandeurs d’asile dans des camps prévus pour un peu plus de 6 000 personnes. Dans celui de Moria à Lesbos ils sont 16 000, dont 2 000 enfants, huit fois plus que la capacité officielle. Les conditions sanitaires sont épouvantables, la promiscuité et l’entassement insupportables et, en septembre 2019, un incendie a détruit une partie du camp.
Mais la seule préoccupation du gouvernement Mitsotakis est sécuritaire : il veut construire des camps fermés dont ne pourront pas sortir les migrants en attente d’une expulsion déjà décidée, ceux qui ont une conduite jugée incompatible avec l’octroi de l’asile et les nouveaux arrivants.
Une grande partie des habitants, qui avaient d’abord accueilli ces réfugiés, ne supportent plus la situation. Ils refusent des camps supplémentaires et demandent le départ des migrants. Mitsotakis a jeté de l’huile sur le feu en décidant, pour construire ces centres fermés, de réquisitionner des terres, déclenchant ainsi la colère des paysans locaux.
Dernière initiative de ce gouvernement qui joue sur la fibre xénophobe : il serait question de construire au large de Lesbos un mur flottant, une barrière d’un peu plus d’un mètre de haut et longue de trois kilomètres, munie de feux clignotants pour dissuader les bateaux de s’aventurer vers l’île.
Une invention digne de naufrageurs, parmi lesquels on peut classer aussi les gouvernements européens qui paient pour que la Turquie et la Grèce éloignent les pauvres de leurs frontières, et qui se contentent de regarder ailleurs.