49.3 : pour s’asseoir sur l’opinion des travailleurs04/03/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/03/Une_2017_02_18_Rassemblt_Repu_Theo_09_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

49.3 : pour s’asseoir sur l’opinion des travailleurs

Tout le monde s’y attendait, mais il y a de quoi s’indigner : le gouvernement, pour gagner du temps, a annoncé son recours à l’article 49.3 de la Constitution de 1958 pour faire passer son texte sur la réforme des retraites sans vote des parlementaires.

Illustration - pour s’asseoir sur l’opinion des travailleurs

Cet article entraîne la suspension immédiate de la discussion sur le projet de loi. Il est donc considéré comme adopté, sans être soumis au vote des députés, sauf motion de censure du gouvernement recueillant la majorité à l’Assemblée. Il s’agit d’une pure comédie, où Édouard Philippe fait mine d’engager la responsabilité du gouvernement, sans aucun risque puisque les élus macronistes et assimilés sont largement majoritaires.

Ce passage en force n’a qu’un rapport lointain avec les raisons avancées par le chef du gouvernement, le 29 février, noyées dans une intervention traitant de l’épidémie de coronavirus. Faisant allusion aux 29 273 amendements qui restaient à examiner, il a prétendu devoir « faire face à une stratégie d’obstruction délibérée ayant pour unique finalité d’empêcher la tenue du débat ». En fait de débat, l’opinion de la population travailleuse s’exprime haut et fort depuis des mois. Depuis juillet dernier, quand le précédent haut-commissaire à la réforme, Jean-Paul Delevoye, avait publié un rapport traçant les grands axes de cette attaque anti­ouvrière, l’opposition des travailleurs, chômeurs et retraités ne s’est pas démentie.

Des centaines de milliers de manifestants, des semaines de grève à la SNCF et à la RATP, dans l’enseignement, des temps forts où d’autres ont rejoint le mouvement, l’accueil mouvementé reçu par le moindre ministre et a fortiori par le président lui-même dans leurs déplacements, la publication de sondages où l’opposition à la réforme Macron demeure majoritaire, rien ne permet à ce gouvernement d’ignorer cette opposition. Le monde du travail rejette ce qui est une attaque contre lui, comme il rejette ses instigateurs.

Macron s’est fait détester, à bien des titres, en particulier depuis que les manifestants gilets jaunes ont été traités par le mépris et la matraque, comme l’ont été depuis les opposants à la réforme. Les ministres, à commencer par le Premier, prétendent avoir tenu compte des remarques, amendé leur projet de loi et être tout disposés à continuer le dialogue avec les partenaires sociaux. Cette mauvaise foi n’a d’égale que leur hypocrisie, lorsqu’ils se succèdent pour aligner laborieusement les « avancées » que leur réforme est censée apporter.

Il n’y a rien de bon pour les travailleurs dans le système par points. Il n’apportera rien ni aux carrières heurtées, ni aux chômeurs non indemnisés qui n’auront droit à aucun point, ni aux femmes, ni aux agriculteurs dont 40 % se trouveraient exclus de la pension minimale tant vantée.

Démasqués dans leur comédie du grand débat, saison deux, et pressés de faire taire la rue, Macron et le gouvernement sont l’image révoltante d’un système où, une fois de temps en temps, ils font mine de prendre l’avis d’une partie de la population. Mais quand leurs attaques, dictées par les capitalistes dont ils servent les intérêts, suscitent la colère, ils dégainent le 49.3, sans d’ailleurs ranger leurs LBD ! Sans plus de succès pour faire accepter la réforme, d’ailleurs.

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