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Dans le monde
Bangladesh : manifestations pour toucher le salaire
Au Bangladesh, des milliers d’ouvrières et ouvriers des usines de confection des villes de la périphérie de Dacca ont manifesté en bloquant carrefours et voies rapides. Le 12 avril, ils étaient plus de 20 000 dans les rues et le 13 avril, à nouveau 5 500.
Ils réclamaient de leurs employeurs, les propriétaires des usines produisant la « fast fashion » pour les grandes enseignes occidentales de distribution de vêtements, H&M, Walmart, Tesco, etc., le paiement de leurs salaires, de mars, parfois même de février et janvier.
En raison de l’arrêt des commandes de ces capitalistes de la distribution, les propriétaires des usines de Gazipur, Narayanganj, Ashulia ou Savar, où l’immeuble de Rana Plaza s’était effondré en avril 2013, provoquant la mort de près de 1 200 travailleurs, ont cessé de payer les salaires et jeté dehors une grande partie des salariés.
La crise du coronavirus sert cette fois de prétexte aux employeurs, car c’est bien souvent que les salaires, déjà extrêmement bas, tardent à être versés, certains patrons ayant pour habitude de payer en plusieurs fois, et parfois avec deux mois de retard, selon une manifestante. La trésorerie nécessaire au versement des salaires, non seulement les bourgeois bangladais pourraient la sortir de leurs coffres, mais ils peuvent aussi la réclamer aux capitalistes d’Europe et d’Amérique du Nord qui profitent depuis des années du travail à bas coût, environ 60 euros par mois pour les adultes, donc de l’exploitation féroce des travailleurs et enfants du pays.
Les autorités locales auraient pourtant, affirment-elles, consenti 590 millions de dollars de prêts aux usines d’exportation de vêtements afin qu’elles versent les salaires. Mais les salariés jetés à la rue n’en ont pas vu la couleur, et n’ont rencontré, pour toute compassion, que la matraque policière.
Tenter d’imposer le confinement à ces travailleurs pauvres n’est qu’une vaste hypocrisie, tant leurs conditions de vie et leurs salaires au jour le jour leur imposent de chercher de quoi nourrir leur famille. « Nous n’avons pas le choix, proteste un des manifestants. Nous mourons de faim. Si nous restons à la maison, nous pouvons nous sauver du virus. Mais qui nous sauvera de la famine ? » Une autre précise : « Les travailleurs migrants ne peuvent pas renvoyer leurs enfants dans les villages car tous les services de transport sont interrompus. Nous mourrons de faim avec nos enfants si nos salaires ne sont pas payés. »
Le prétexte avancé par les employeurs est d’autant plus grossier que, dans certaines usines textiles restées ouvertes pour fabriquer des EPI (équipements de protection individuels) et des masques, les salaires n’ont pas été versés non plus.