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La société en crise
Carrefour, Auchan et les autres : contrôler leurs prix !
Le 20 mars, le PDG d’Auchan Retail doublait celui de Carrefour en annonçant le versement d’une prime de 1 000 euros à tous les salariés du groupe. Le 20 avril, c’est celui de Carrefour qui annonçait la diminution de 25 % de son salaire fixe pendant… deux mois.
Le salaire fixe du PDG de Carrefour s’est élevé à 1,5 million d’euros en 2019, auxquels s’ajoute la part variable de sa rémunération. Dans les deux cas, les PDG, mercenaires grassement rémunérés par les propriétaires, se moquent du monde.
Les 65 000 travailleurs d’Auchan avaient compris que la prime de 1 000 euros leur serait versée. Non seulement ils n’ont rien touché, mais ils apprennent maintenant qu’elle devrait être calculée en prenant en compte le temps de travail hebdomadaire et le type de contrat individuel. Cela signifie que pour beaucoup, en particulier en temps partiel ou en CDD, la prime sera très loin des 1 000 euros annoncés. Et comme il est prévu, en plus, de la décompter sur la prime d’intéressement, Auchan pratique surtout la soustraction, alors que dans le même temps les actionnaires continuent à additionner les profits.
Le secteur de la grande distribution est en effet un des secteurs dont l’activité est restée quasiment normale, avec même des chiffres d’affaires en hausse : 15 % en moyenne, toutes enseignes et tous formats de magasins confondus.
Non pas que les ventes augmentent parce que les consommateurs achèteraient plus. Tous peuvent constater que les prix augmentent notablement. C’est le cas de ceux des fruits et légumes, mais aussi de tous ceux des produits de base tels que les pâtes, la farine, les œufs, la viande. Et ceux qui organisent la valse des étiquettes sont les propriétaires d’enseignes.
Tout leur est bon pour augmenter les prix. Ainsi l’association de consommateurs Foodwatch a relevé que des yaourts par lot de huit étaient vendus 8,2 % plus cher que par lot de quatre, ou relevé 29 % de plus sur des pains pour hamburgers entre le format classique (330 g) et le maxi-format (495 g).
Alors, que l’on soit salarié ou client de la grande distribution, il y a de bonnes raisons d’être en colère. Les patrons devraient verser la prime de 1 000 euros à tout le monde, mais cela ne suffit pas. Face à la hausse des prix, c’est la hausse de tous les salaires qu’il faut mettre à l’ordre du jour. Et face aux manipulations incessantes de la grande distribution sur les prix, il faudra imposer le contrôle des comptes des chaînes commerciales par l’ensemble des travailleurs.