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La société en crise
Mayotte : catastrophe prévisible
À Mayotte, département le plus pauvre de France, la situation est catastrophique. C’est encore aujourd’hui le seul département à ne pas avoir été déconfiné. Et pour cause ! Pour une population de 260 000 habitants, le nombre de malades du Covid a dépassé 1 600 et il y a déjà plus de 20 morts.
Trois logements sur dix n’ont pas accès à l’eau potable et 57 % sont surpeuplés. 5 000 personnes survivent dans des taudis. Comment pourraient-elles respecter ne serait-ce que les simples gestes barrières ? Quel sens peut avoir la consigne « Restez chez vous » quand on vit dans une case en tôle où il peut faire jusqu’à 40 degrés le jour ?
Devant cette situation catastrophique, la directrice de l’ARS locale, l’ancienne ministre de l’Environnement Dominique Voynet, a déclaré lundi 25 mai que « l’épidémie n’est pas derrière nous » en s’inquiétant « du climat général de relâchement ». Cette ancienne candidate des Verts à la présidentielle de 1995 et de 2007, ministre de Jospin de 1997 à 2001, ex-sénatrice et ex-maire de Montreuil, a une longue pratique des compromis au service de sa carrière. Le 1er janvier 2020 Macron et Buzyn lui ont fait cadeau de la dix-huitième agence régionale de santé, créée en divisant celle de La Réunion.
Dans un tel monde, un cadeau ne se refuse pas et de plus il oblige. Il faut alors se serrer les coudes pour masquer l’incurie et la responsabilité des amis du pouvoir. Si Dominique Voynet doit bien admettre ce qui ne peut pas être dissimulé, le nombre de tests qui a récemment baissé par exemple en raison d’un manque de réactifs dans le seul laboratoire privé de l’île, c’est pour aussitôt stigmatiser la population.
Car d’après elle, s’il y a eu moins de dépistage, c’est aussi à cause de la fin du ramadan qui a davantage incité la population à préparer l’Aïd qu’à se rendre aux Urgences. Ce week-end-là, « il y avait plus de gens à Dubai (quartier très commerçant de Majicavo, sur la commune de Koungou), qu’au centre hospitalier de Mayotte » a-t-elle regretté.
L’État français, qui a maintenu l’île dans le sous-développement sous la tutelle d’un appareil politique et administratif à fort relent colonial, porte une lourde responsabilité dans la propagation du virus à grande vitesse et les conséquences désastreuses pour les classes populaires de Mayotte.