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Dans les entreprises
Travailleurs détachés : les patrons jouent sur les divisions
Alors que les annonces de suppressions d’emplois se multiplient et que le chômage explose, le gouvernement n’a aucune solution à proposer aux travailleurs pour qu’ils conservent leur emploi et leur salaire.
Mais, comme il faut donner le change, Macron a réuni les syndicats et les représentants du patronat mercredi 24 juin, pour discuter sur le thème de la sauvegarde de l’emploi.
Pour donner l’illusion d’une action de l’État, Macron a joué d’une vieille ficelle, annonçant que le recours au travail détaché devrait être limité et mieux contrôlé. C’est en même temps insinuer que ces travailleurs seraient un obstacle à l’embauche et les ennemis des travailleurs installés à demeure en France.
Le travail détaché désigne une forme de contrat de travail mis en place par les instances européennes depuis 1996, qui permet à des entreprises d’embaucher temporairement des travailleurs venus de pays membres de l’Union. En 2019, 500 000 travailleurs détachés seraient venus en France pour travailler, et ils seraient autour de 280 000 en permanence. Si en principe ils sont payés au salaire minimum du pays d’accueil, les cotisations sociales restent celles du pays d’origine. Le recours à cette main-d’œuvre permet de baisser les salaires, en ne payant ni les primes ni les indemnités. Les travailleurs détachés sont désarmés pour défendre leurs droits, du fait de la précarité de leur situation.
Le patronat ne cesse de mettre en place des différences de statut et de jouer sur les écarts de salaire existant entre les pays. En plus des intérimaires, des CDD, des contrats précaires de toute sorte ou des CDI, c’est une façon de mettre en concurrence les salariés dans l’arène qu’est le marché du travail soumis à la dictature du profit privé. Même si plusieurs milliers sont des Français enregistrés par des agences luxembourgeoises, les travailleurs détachés sont en fait des travailleurs immigrés, dont la présence est temporaire mais que Macron a pointés du doigt en tant que tels, comme le ferait Le Pen. Et quand des journalistes ont dit que Macron met en avant, pour le marché du travail, la « préférence nationale », expression chère aux Le Pen, le gouvernement n’a pas démenti. Macron ne recule pas devant une démagogie qui vise à monter les travailleurs les uns contre les autres en fonction de leur nationalité.
Ni les travailleurs détachés ni plus généralement les travailleurs immigrés ne sont responsables de l’hémorragie d’emplois qui s’annonce. Les travailleurs sont tous attachés à la même chaîne, quels que soient leur contrat de travail ou leur nationalité, et devront se battre ensemble pour défendre leur droit à la vie.