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Dans le monde
Espagne : Juan Carlos, une monarchie à l’image du système qu’elle sert
Cet article, traduit de l’espagnol, émane de nos camarades de Voz Obrera. Il a été rédigé à la suite du départ, pour ne pas dire la fuite, de l’ex-roi d’Espagne Juan Carlos, vers des cieux judiciaires moins agités.
La Maison royale a publié une lettre signée par Juan Carlos Ier, l’ancien roi d’Espagne qui a abdiqué en 2014 en faveur de son fils Felipe VI, faisant état de son intention de quitter l’Espagne. Selon le journal monarchique ABC, il serait à Abou Dhabi. Cette décision s’inscrit dans une longue chaîne d’événements qui impliquent Juan Carlos dans des affaires de corruption, de fraude fiscale, de commissions provenant de grandes entreprises, et qui ont fait que cet ex-monarque se trouve à la tête d’une des plus grandes fortunes du monde : 2 milliards, selon le magazine Forbes.
Il est clair que le départ de ce rejeton de la dynastie des Bourbons a été organisé par le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez en accord avec la droite. Unidas Podemos, qui participe à la coalition gouvernementale, n’a été que la cinquième roue du carrosse dans cette affaire et n’a pas été informé. L’objectif des « vacances » de l’ex-monarque est de créer un pare-feu pour protéger son fils et la monarchie du discrédit et d’une éventuelle crise politique. Son départ a lieu au moment où il fait l’objet d’une enquête de la Cour suprême pour délit fiscal, évasion de capitaux et sur ces fameuses commissions pour services rendus pour l’attribution à des entreprises espagnoles des travaux de l’AVE (le TGV) à la Mecque, en Arabie saoudite.
S’y ajoutent d’autres affaires et scandales auxquels l’ex-roi a pris part et qui ressortent au grand jour, alimentant l’indignation populaire. On se souvient du « mouvement des casseroles » pendant le confinement, exigeant la restitution de l’argent volé à la population et son investissement dans le système de santé. Depuis, la population a pu voir les différences de classe s’accentuer, une minorité vivant en sécurité grâce à sa richesse, et les travailleurs exposés à la contagion et exploités.
Ce scandale royal n’est qu’un des scandales dont la bourgeoisie en Espagne et dans le monde est coutumière. La vie sociale de Juan Carlos n’en est qu’une illustration de plus. Tout comme la vie de cette grande bourgeoisie qui vit dans le luxe aux dépens de l’exploitation de la classe ouvrière. Les magnats du pétrole et de la finance, tous ces hommes d’affaires qui ont offert au roi des yachts de luxe, illustrent ce qu’est cette classe sociale parasitaire, qui accumule et concentre la richesse issue du travail. Il ne s’agit pas seulement de tel ou tel individu, mais d’un système qui recherche le bénéfice maximum grâce à un État qui favorise les entreprises privées, fait l’impossible pour qu’elles ne soient pas soumises à des enquêtes. C’est le système capitaliste lui-même qui fonctionne ainsi et cette monarchie, maintenue avec l’argent public, est à son image. Mais cette fois encore la bourgeoisie et ses politiciens, du PSOE à gauche au PP à droite, essaient de protéger l’institution de la monarchie des conséquences de ce nouveau scandale. Mais, si finalement cela débouche sur une crise institutionnelle, les politiciens de droite comme de gauche soutiendront toute autre forme de gouvernement permettant de servir les intérêts et de maintenir les privilèges de la bourgeoisie.
Dans une éventuelle crise du régime monarchique, les travailleurs ne devront pas cesser de défendre leurs revendications, car la mise en place d’une république dite démocratique risque de n’être qu’un changement d’emballage de la même domination de classe.