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Office Dépôt : pillage légal
Le 5 février, la société Office Dépôt France, spécialisée dans les fournitures de bureau, a été placée en redressement judiciaire.
La direction a fait valoir l’impact de la pandémie et la perte de 20 % du chiffre d’affaires en 2020 pour expliquer sa situation critique.
En réalité, cela fait plusieurs années que la situation s’est dégradée. En 2017, la division Europe de cette société américaine, dont Office Dépôt France, a été rachetée par le fonds d’investissement allemand Aurelius. Deux ans plus tard, se plaignant d’un marché ultra-compétitif, la direction mettait en avant un plan de restructuration pour renflouer les caisses, dont la mise en œuvre aurait été interrompue par la pandémie.
Les syndicats de l’entreprise ont dénoncé dès 2019 une escroquerie de ce fonds d’investissement qualifié de vautour. Via des sociétés écrans, il aurait aspiré au minimum 98 millions d’euros de sa filiale française, asséchant ainsi sa trésorerie. Dans le même temps, les dividendes des actionnaires auraient bondi de 85 %. Une plainte pour abus de bien social a été déposée à l’époque par le comité central d’entreprise d’Office Dépôt France.
Aurelius n’en est pas à son coup d’essai dans différents pays : rien qu’en France, entre 2007 et 2019, trois autres entreprises qu’il a rachetées ont déposé le bilan, dont deux en moins de deux ans. Pour l’une d’elles, la société de vente par correspondance Quelle, qui comptait 500 salariés, le fonds a été condamné pour abus de bien sociaux.
Aujourd’hui, les 1 750 salariés des 60 magasins et des trois entrepôts craignent une vente à la découpe ou la fermeture de plusieurs boutiques et le plan de licenciements qui va avec. Les actionnaires, eux, ont déjà mis leur magot à l’abri.