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Leur société
Plan de relance : des milliards en plein brouillard
Macron ayant dit et répété que le gouvernement sauverait l’économie « quoi qu’il en coûte », les ministres annoncent régulièrement qu’ils ont versé ou prévoient de débloquer des milliards d’euros.
L’autorité en la matière, Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics, évoquait le 26 mars 77 milliards d’euros de soutien d’urgence à l’économie en 2020, suivis de 32 milliards en 2021. Mais soutenir ne suffit pas, il faut aussi relancer, ajoute le ministre. Et 100 milliards sont prévus pour cela, dont 26 ont déjà été versés. Le soutien devrait continuer aussi longtemps que la pandémie, et la relance se poursuivre longtemps après. Le ministre Le Maire parle de ne pas répéter l’erreur de 2009, où l’État aurait resserré trop tôt les cordons de la bourse. Macron a déclaré fin mars que l’Europe devait être à la hauteur du plan de relance pharaonique des États-Unis, qui se chiffre en milliers de milliards de dollars.
Quels que soient les efforts de propagande du gouvernement, il est facile de voir comment cette pluie d’euros, soutien ou relance, a été utilisée. Depuis un an, les grandes fortunes ont encore grossi, alors que les difficultés du monde du travail s’accroissaient. C’est visible en France, flagrant aux États-Unis et aveuglant à l’échelle de la planète. Et, maintenant, se pose la question de savoir qui va payer la dette, avec quel argent les États vont rembourser les milliards empruntés ?
Le ministre Le Maire répond ou fait répondre qu’il n’y a pas vraiment de problème car, pour rembourser les vieilles dettes, il suffit d’en faire chaque jour de nouvelles, ce qui ne coûtera rien puisque les taux d’intérêt sont aujourd’hui négatifs. Mais qui peut être sûr qu’ils le resteront ?
L’autre argument de Le Maire est que la reprise de l’économie permettra de rembourser, en créant des rentrées nouvelles pour les finances publiques. Le même jour, une tempête de sable ou une erreur de barre envoyait un navire bloquer le canal de Suez, provoquant des milliards d’euros de pertes, une envolée des cours du pétrole, une spéculation boursière, etc. Le château de cartes de l’économie mondiale peut s’écrouler au moindre éternuement, les taux d’intérêt exploser et les dettes devenir impossibles à rembourser, mais le ministre annonce 6 % de croissance et des lendemains qui chantent. En attendant, le patronat et le gouvernement ont commencé à faire payer les classes populaires par le chômage, total ou partiel, les vagues de licenciements, la fin des contrats, la dégradation des services publics, etc.
Perdu dans le brouillard d’une économie incontrôlable et imprévisible, Le Maire a une boussole, subventionner les capitalistes, en espérant qu’ils ne paniqueront pas, et un cap, mentir aux travailleurs en priant pour qu’ils ne se révoltent pas.