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Haïti : un article de l'OTR
« [...] Face à la campagne de terreur des gangs criminels contre la population, Jovenel Moïse devait réagir. Et là, il montre qu’il ne dirige plus rien. Devant l’avancée des gangs armés qui le mettent à genoux, il lance un appel désespéré aux USA par le biais de l’OEA [Organisation des États américains] et l’ONU.
«J’ai sollicité de l’ONU un appui technique et logistique pour la PNH [la police nationale d’Haïti], afin de combattre le banditisme en Haïti et de renforcer le programme de réduction de la pauvreté », a-t-il déclaré dans un tweet.
Les milices, les paramilitaires, les gangs criminels sont une constante dans la politique du pays. Devant l’incapacité des classes dominantes à satisfaire les revendications de la majorité de la population, tous les gouvernements ont toujours eu recours à ces bandes de malfrats pour prendre et conserver le pouvoir. À ce titre, Jovenel Moïse n’est pas le premier président qui se sert des bandes armées pour noyer dans le sang les aspirations de la classe ouvrière et des masses exploitées au profit de la classe des politiciens corrompus et de la bourgeoisie.
C’est pour contrer l’avancée de ses opposants au moment des contestations de « pays lock » que Jovenel Moïse s’est véritablement tourné vers les gangs. Il les a encouragés, les a financés, les a armés pour garder son pouvoir. Dans leur évolution, ces bandes criminelles ont élargi leurs actions en s’adonnant à toutes sortes de crimes, de trafics, en se vendant aux plus offrants au point de s’affranchir de la tutelle du chef de l’État.
Avec l’argent du kidnapping, de la drogue, du commerce d’armes, les gangs criminels occupent de nombreux territoires dans le pays. Lourdement armés, se servant des riverains comme de boucliers, ils sont une vraie épine aux pieds de Jovenel Moïse, mais surtout à ceux des travailleurs, des masses exploitées qui subissent leurs forfaits.
L’appel de Jovenel Moïse au gouvernement américain est une diversion. Bien que les gangs armés torpillent ses actions, le réduisent au rang de faire-semblant, ridiculisent la police, il n’a aucune volonté et encore moins les moyens de les affronter.
À plusieurs reprises, dans les médias, dans les rues, des gens de la population manifestent clairement leur désir d’aller en découdre avec les bandits qui se terrent dans les quartiers populaires. Ils disent haut et fort que la solution viendra de leur implication, de leurs luttes. Ils ont raison. Devant une population révoltée et déterminée, même une armée ne peut résister. Mais il ne suffit pas de faire déguerpir les gangs, il faut aussi détruire le système politique et économique qui leur a donné naissance.