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Leur société
Hôpitaux : sous-effectif et pressions quotidiennes
Une délégation de l’intersyndicale nationale des internes en médecine a rendu hommage le 13 avril, devant le ministère de la Santé, aux cinq internes qui se sont suicidés depuis le début de l’année.
Avec une banderole « L’hôpital tue ses internes », la délégation a dénoncé ces drames, expliquant que « l’hôpital est venu comme un déclencheur de cette souffrance par l’épuisement au travail ».
Dans les hôpitaux, tout le personnel hospitalier subit des tensions. L’afflux de patients victimes de l’épidémie ne faiblit pas. Repousser les interventions chirurgicales étiquetées non urgentes pour libérer des lits pour les soins intensifs, ne fait que déplacer les problèmes sans les régler.
Le nombre de lits hospitaliers a été diminué par tous les gouvernements depuis vingt ans. Dès la première vague de Covid, les conséquences se sont révélées catastrophiques et un an après, la situation est encore pire. Toutes les régions étant touchées simultanément par le virus, il n’y a plus de renforts disponibles, sauf dans les discours gouvernementaux.
Les directions des hôpitaux, qui jonglent en permanence avec le planning de travail de soignants dont le sous-effectif est criant, recourent encore plus aux heures supplémentaires. Il était déjà épuisant de travailler dans de telles conditions avant l’épidémie, et cela avait provoqué un mouvement national démarré dans les services d’urgence en 2019. Mais il devient intenable d’enchaîner pendant des mois des horaires rallongés.
Ces conditions de travail provoquent d’ailleurs des démissions : les hôpitaux publics les plus en tension sont ainsi encore plus en difficulté. Les augmentations de salaire accordées le Ségur de la santé, mais en deçà de la revendication de 300 euros par mois pour tous, n’y changent pas grand-chose. C’est plus un rattrapage d’années de blocage des salaires qu’une incitation, très insuffisante au regard des difficultés quotidiennes, à rester travailler à l’hôpital.
Le gouvernement, qui n’hésite pas à arroser le grand patronat à coups de dizaines de milliards, n’a lancé aucun plan de formation ou de recrutement. Au contraire, il reste sur une logique de limitation des budgets hospitaliers, en comptant chaque place en faculté de médecine ou en formation d’infirmiers, pour empêcher trop d’étudiants de venir un jour soulager ceux qui s’épuisent actuellement dans les hôpitaux. Même le ménage et l’hygiène, secteurs indispensables à l’efficacité des gestes barrières et où la formation est très rapide, ne recrutent pas.
Les envolées des officiels sur les « héros » ne parviennent plus à cacher la misère dans laquelle ils ont mis les hôpitaux publics. De plus, dès que les travailleurs hospitaliers rentrent chez eux après de trop longues journées de travail, ils sont confrontés aux restrictions qui touchent l’ensemble de la population et rendent la vie quotidienne compliquée.
Si certains craquent, allant parfois jusqu’aux tentatives de suicide ou même pire, un grand nombre de travailleurs discutent entre eux de cette situation intenable et en rendent responsable le gouvernement. Ici et là, lorsque la hiérarchie des cadres ajoute sa touche de mépris aux pressions quotidiennes, elle peut se heurter à des réactions parfois individuelles, sous forme de coups de gueule, et parfois plus collectives, sous forme de pétition par exemple. Une chose est sûre : les hospitaliers en ont marre de subir.